Les investisseurs n’ont pas attendu le résultat des élections américaines pour retirer leurs billes du plus grand fonds négocié en Bourse de la planète. Ce sont en effet pas moins de 1,4 G$ qui ont été enlevés des coffres d’iShares iBoxx $ Investment Grade Corporate Bond (LQD), quelques heures avant le début de l’exercice démocratique étasunien le 3 novembre dernier, nous apprend le groupe financier Bloomberg.
Selon des données compilées par Bloomberg, une seule transaction (de vente ou d’achat, ce qui n’est pas spécifié au moment d’écrire ces lignes), vaut à elle seule 250 M$.
Selon Peter Chatwell, chef stratégiste chez Mizuho International Plc, « la priorité première du marché avant l’élection [américaine] était les risques de baisse de valeur des actions, mais le crédit est presque aussi vulnérable. Engranger des bénéfices à ce stade-ci est tout à fait logique ».
Cet encaissement éclipse le précédent record de 1,1 G$ établi en février dernier, alors que le coronavirus débutait sa rapide progression planétaire. Pourtant, même en faisant abstraction de la présente élection américaine, ce fonds de 54,7 G$ est tranquillement devenu de plus en plus risqué, alors que les baisses de notation et une hausse marquée des émissions y portent le nombre de titres notés BBB vers un record.
Ainsi, « le fort contingent souligne la nécessité pour les investisseurs de regarder sous le capot des fonds qu’ils choisissent », indique James Seyffart, de Bloomberg Intelligence.
Comparatif avec 2019
Les entreprises américaines ont connu deux fois plus de déclassements cette année qu’en 2019, en raison des graves bouleversements entraînés par la pandémie de COVID-19. La présente situation attise les craintes d’un potentiel déluge de soi-disant « anges déchus », ces entreprises qui ont perdu leur statut et intérêt auprès d’investisseurs, rapporte Bloomberg.
La semaine dernière, ce sont 500 M$ que les investisseurs ont retirés de LQD au cours d’une seule journée, ce qui s’avérait alors être le plus gros retrait depuis un mois.
« Les gestionnaires de portefeuilles IG devraient être particulièrement diligents lors de la vérification des obligations considérées comme des BBB solides en période de récession », peut-on également lire dans l’article.