une petite boule sur lequel on retrouve le drapeau du Canada à côté d'un signe de dollar
xtockimages / 123rf

On a souvent vanté l’efficience fiscale des fonds négociés en Bourse (FNB). La gestion indicielle personnalisée, aussi désignée indexation directe ou direct indexing, une structure connexe, a capté l’attention de l’industrie américaine des FNB parce qu’elle est en mesure d’offrir une plus grande efficience fiscale pour les clients fortunés. Elle arrive au Canada.

Brian Langstraat, chef de la direction de Parametric Portfolio Associates, de Seattle, a rapporté à Advisor’s Edge, lors d’un événement organisé par Inside ETFs en Floride, en janvier, que son entreprise prévoit lancer sa première « activité d’affaires basée sur la gestion fiscale » en créant une plateforme de conseils au Canada en 2020. (Parametric a déjà des activités institutionnelles au Canada.)

L’indexation directe permet aux investisseurs d’acheter directement toutes les actions ou une partie d’entre elles dans un indice donné par l’intermédiaire d’un compte géré séparément. Le fait de détenir les actions directement plutôt que dans un FNB crée deux possibilités : les ventes à perte à des fins fiscales ou cristallisations de pertes fiscales et la création d’indices personnalisés.

Cristallisation de pertes fiscales

Selon Jeff Brown, directeur et gestionnaire de portefeuille institutionnel chez Parametric, les comptes basés sur la gestion fiscale de son entreprise ont deux objectifs : suivre un indice donné dans la limite d’un écart de suivi acceptable et surperformer après impôt.

L’indexation directe implique habituellement la détention d’un certain pourcentage de l’indice, plutôt que de tous les titres sous-jacents, a expliqué Jeff Brown. Ce qui signifie que si un titre détenu enregistre une perte fiscale, le client peut réaliser cette perte, puis « retourner à la référence » pour substituer ce titre avec un autre non encore détenu dans l’indice personnalisé, a-t-il dit.

« Cette perte en capital vous appartient et vous pouvez l’utiliser ailleurs, mais au niveau macro-économique, ce portefeuille [indexé directement] ressemble toujours à l’indice », a-t-il poursuivi.

Les choix en matière de cristallisation de pertes fiscales sont encore plus grands en cas d’indices larges, car au cours d’une année donnée, il y aura probablement quelques pertes à cristalliser.

« Un indice de base comme le Russell 1000, qui est constitué d’un nombre relativement élevé de titres, est utile pour les conseillers qui veulent établir une stratégie d’indexation directe, car il comporte davantage de titres avec lesquels composer », a dit Hillary Keitel, directrice, gestion de patrimoine, États-Unis, chez FTSE Russell, à New York.

On peut également utiliser les avantages fiscaux de l’indexation directe pour faire des dons de bienfaisance. Les clients peuvent collaborer avec leurs courtiers pour faire un don de titres individuels ayant des gains élevés non réalisés et les remplacer par un titre différent qui n’est pas encore dans l’indice direct.

Au Canada, les avantages de la cristallisation de pertes fiscales grâce à l’indexation directe sont quelque peu atténués par rapport aux États-Unis, où la méthode de comptabilité fiscale par titre connue sous l’appellation anglaise « tax lot accounting » protège le prix de base de chaque titre. En vertu des règles fiscales canadiennes, de multiples achats du même titre entraînent un prix de base rajusté de toutes les parts du même titre.

Lors d’une présentation faite pour Inside ETFs, Brian Langstraat a affirmé que les comptes basés sur la gestion fiscale constituent 77 % des 175 G$ US de l’actif sous gestion (ASG) de Parametric et 96 % des comptes de l’entreprise.

Personnalisation

La gestion indicielle personnalisée peut aider les clients qui ont de fortes convictions en matière d’enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), car ils peuvent préciser quels titres ils veulent exclure d’un large indice.

Environ 15 % de l’ASG de Parametric et 10 % de ses comptes sont personnalisés en fonction des stratégies en matière d’ESG et d’investissement responsable (IR), a dit Brian Langstraat lors de sa présentation.

La personnalisation peut aussi aider des clients dont le portefeuille est fortement concentré dans certains titres ou certains secteurs en raison de leur historique d’emploi (une rémunération en actions, par exemple). L’indexation directe permettrait aux clients d’investir dans des indices larges tout en excluant les titres dans lesquels ils sont concentrés.

Jeff Brown a souligné que c’est le client final qui détermine le choix de l’investissement et de la personnalisation, et non son entreprise.

« Nous sommes affranchis des indices de référence, dit-il. Vous [le client] collaborez avec votre conseiller, il vous présente une répartition d’actif et une sélection d’indices de référence, puis vous nous dites ce que vous voulez et nous le bâtissons. »

Le type de client adéquat

Jeff Brown et Brian Langstraat ont reconnu que l’indexation directe ne convient pas à tous les clients.

En raison de son aspect personnalisé, l’indexation directe est plus chère que l’investissement traditionnel. Ce coût « est généralement plus que compensé par la valeur de la personnalisation, mais il existe », a reconnu Brian Langstraat au cours de sa présentation.

Il a ajouté que par rapport à la simplicité d’un fonds commun de placement ou d’un fonds négocié en Bourse, la complexité de l’indexation directe peut dissuader certains clients.

Un client idéal pour l’indexation directe voudrait investir dans un large panier de titres, serait assujetti à des taux d’imposition marginaux élevés et aurait un horizon de placement à long terme, en plus d’avoir des points de vue spécifiques sur les investissements. Ce client aurait également une valeur nette élevée : le minimum est de 250 000 $ US par compte chez Parametric.

Cependant, pour les clients pertinents, Brian Langstraat a fait valoir que l’indexation directe peut renforcer la relation client-conseiller parce qu’elle permet au conseiller d’offrir « un portefeuille sur mesure qu’il ne peut obtenir nulle part ailleurs. [L’indexation directe] permet [aux conseillers] d’entamer des conversations sur la planification successorale, la philanthropie, l’ESG et l’IR en ayant un vrai portefeuille sur la table. »

Parmi les autres sociétés qui offrent l’indexation directe aux États-Unis figurent CLS Investments, à Omaha, au Nebraska, et Optimal Asset Management, à Los Altos, en Californie.