Il y a eu les FNB à gestion passive. Puis ceux à gestion active, à bêta intelligent ou encore les FNB alternatifs liquides. Quelle direction prendra le marché des fonds négociés en Bourse dans les prochaines années? Deux spécialistes américains avancent une réponse : la gestion indicielle personnalisée (direct indexing).
« Quand les disques compacts sont apparus, on pensait qu’ils étaient fantastiques. Puis, le iPod a été inventé et on croyait qu’on l’utiliserait pour toujours. Mais Spotify est arrivé… C’est la même chose avec les FNB. Ils n’en sont pas à leur état final », a avancé Matt Hougan, président du conseil d,administration (CA) d’Inside ETFs, événement international qui s’est tenu à Montréal mardi et mercredi.
L’innovation, c’est la réponse à un problème, a ajouté Dave Nadig, directeur général d’ETF.com, lors de la même conférence. Et malgré leurs avantages, les FNB ne manquent pas de défauts :
- On en crée de plus en plus pour convenir aux besoins de tous les types d’investisseurs
- Ils sont efficaces fiscalement, mais pas optimaux
- Les transactions ne sont pas toujours les meilleures
- Leur gouvernance est extérieure
- Ils ne tiennent pas compte des particularités de chaque investisseur
Par exemple, quelqu’un qui voudrait calquer son portefeuille sur un indice en excluant une compagnie qu’il n’aime pas ne peut pas le faire en utilisant un FNB. Et c’est précisément ce problème que corrige la gestion indicielle personnalisée.
Qu’est-ce que ça mange en hiver?
La gestion indicielle personnalisée, c’est la possibilité pour un investisseur d’acheter directement tous les titres d’un indice ou une partie en fonction de ses particularités : ses valeurs, son intérêt (ou désintérêt) envers une compagnie précise, son secteur d’activités, etc.
Ce processus peut s’avérer relativement compliqué et demander du temps et des moyens financiers importants. C’est ici que les conseillers peuvent aider.
« Devant la réduction des commissions, la concurrence de Google et Amazon, la communauté des conseillers peut ressortir gagnante de cette nouvelle approche. Elle peut l’utiliser pour construire des portefeuilles vraiment personnalisés pour leurs clients », mentionne M. Hougan.
Les créateurs d’indices, tels FTSE Russell ou MSCI, s’y intéresseraient, ainsi que BlackRock, Google, Amazon et Facebook, indique M. Nadig.
La techno à la rescousse
Si le processus semble fastidieux à la base, les outils technologiques rendent la chose beaucoup plus accessible. Par exemple, sur la plateforme Just Invest, le client n’a qu’à répondre à une série de questions sur son intérêt à investir dans différents secteurs : armes, pétrole, droits humains, etc.
Il peut demander à exclure certaines compagnies spécifiques ou encore son employeur, dont il possède peut-être déjà des actions. L’algorithme rééquilibre alors son portefeuille en fonction de ses réponses.
« Le profil de risque du client est évidemment évalué pour éviter que l’on ne s’éloigne trop de l’indice. On intègre aussi une optimisation multifacteurs pour s’assurer de le suivre », souligne le président du CA d’Inside ETFs.
Des gains fiscaux
Si elle peut coûter cher, la gestion indicielle personnalisée présente cependant certains avantages, notamment la possibilité d’effectuer des ventes à perte à des fins fiscales (tax-loss harvesting).
Suivant certaines règles, cette technique permet en effet de revendre un titre qui a baissé sous sa valeur d’achat pour le remplacer par un autre. La perte en capital ainsi enregistrée pourrait alors permettre d’éviter l’impôt à payer sur un éventuel gain en capital réalisé par la suite, tout en restant investi dans le marché.
Reste à voir si cette approche saura conquérir les investisseurs. Pour Matt Hougan et Dave Nadig, il ne fait aucun doute qu’elle recèle de nombreuses occasions.