La transaction, qui s’élève à 4 G$, laisse trois grands assureurs à la tête du marché canadien: Manuvie, Sun Life et Great West. On compte toutefois plusieurs autres joueurs de tailles différentes tels que, entre autres, Desjardins, l’Industrielle Alliance, SSQ Groupe financier et Humania.
« Je ne crois pas que ce soit, en somme, une bonne transaction pour l’industrie de l’assurance au Canada. La Financière Standard Life fournissait aux consommateurs et aux courtiers une autre option en dehors du « big three » en plus d’être une force innovatrice, spécialement en ce qui concerne ses opérations reliées aux régimes de retraite. Cette perte fera mal à la compétitivité de l’industrie », indique Joseph Iannicelli, ancien président et chef de la direction de la Financière Standard Life.
Selon Jacques Desbiens, président-directeur général, UV Mutuelle, on assiste à une poursuite de la consolidation de l’industrie dans un contexte de bas taux d’intérêts plus difficile pour les assureurs.
« La transaction montre que l’industrie n’a pas fini de se repositionner et de se consolider. Eut égard aux bas taux d’intérêt qui perdurent, aux nouvelles règles de capitalisation en devenir, à la réglementation, l’implantation des nouvelles normes comptables IFRS, probablement que tout cela a été des éléments importants relativement à la décision des deux entités de poursuivre en faisant route ensemble. »
Pour sa part, Richard Gagnon, président et chef de la direction d’Humania Assurance, n’est pas surpris par la nouvelle.
« On avait des soupçons que la maison mère pouvait se départir de sa filiale canadienne. Le plus triste dans tout cela est la perte d’un siège social québécois, d’une institution financière bien implantée au Québec depuis 180 ans. Ça dénote le vent de consolidation qui est toujours présent. »
Richard Gagnon craint aussi que le consommateur ne sorte pas nécessairement gagnant de cette transaction: « Je ne suis pas un tenant de la consolidation à outrance. Quand on se met dans la peau des distributeurs et des consommateurs, il y a un choix de moins. Une gamme de produits de moins à faire pour les clients. Ce type de consolidation n’est pas nécessairement positif. »
Bonne nouvelle pour Manuvie et Standard Life
Cette transaction est toutefois un très bon coup pour Standard Life plc et pour Manuvie. Alors que Standard Life plc réussit à profiter de la valeur issue de la vente de ses activités canadiennes, Manuvie réussit à prendre une position avantageuse, particulièrement au Québec et dans le secteur des régimes de retraite.
« C’est un bon coup (pour Manuvie). Les activités canadiennes de Standard Life viendront s’ajouter aux leurs dans des secteurs où ils sont déjà impliqués, note Stephen Jarislowsky, président du conseil d’administration de Jarislowsky Fraser. Ils pourront réaliser des économies en termes de frais généraux et de personnel. Ils n’auront certainement pas besoin de conserver tous les salaires des gens qui travaillent pour Standard Life. »
Selon ce vétéran montréalais de la finance, cette nouvelle est également de bonne augure pour le bilan de Manuvie: « Je pense que le si Manuvie est capable de se lancer ce défi, cela indique que l’entreprise est beaucoup plus saine qu’il y a disons trois ou quatre ans.»
Joseph Iannicelli estime que Standard Life plc pourrait choisir de redéployer ses capitaux ailleurs dans le monde.
« Il semble qu’ils en étaient au point où ils croyaient qu’ils pouvaient maximiser la valeur de leurs opérations canadiennes. Ils peuvent maintenant prendre cet argent et choisir ce qu’ils veulent faire avec – que ce soit le redonner à leurs actionnaires ou l’envoyer dans des marchés comme le Royaume-Uni, le Moyen-Orient, l’Asie ou à tout autre endroit qui leur semblerait bénéfique pour l’entreprise.»