Plusieurs observateurs du marché du travail soutiennent que les membres de la génération Y occupent le même emploi durant trois ans en moyenne. Une étude de Experience.com, une agence de placement américaine, révèle qu’ils passent plutôt une moyenne de 18 mois chez le même employeur.
Hautement mobiles, les clients de la génération Y auront donc des besoins particuliers en matière de planification de la retraite. Ils doivent d’ailleurs être conscientisés aux conséquences de changements multiples d’emploi sur leur retraite, selon Daniel Laverdière, directeur principal planification financière et service conseil chez Banque Nationale Gestion privée 1859.
« Le vrai dégât, lorsqu’on change souvent d’entreprise et qu’on passe d’un régime à prestations déterminées (PD) à un autre régime (PD), c’est qu’on va donner le choix entre une rente et une valeur de transfert à mettre dans un compte de retraite immobilisé (CRI) ou un REER immobilisé, indique -t-il. Or, la rente sera calculée selon la moyenne du salaire reçu à la fin de notre emploi et non pas selon celui qu’on aurait eu à 65 ans en prenant notre retraite.»
Selon le planificateur financier, si on multiplie ce genre de transfert d’un régime PD à un autre régime PD, on peut s’attendre à avoir une rente d’une valeur moindre que celle initialement prévue: « On obtiendra peut-être 83 % au lieu de 100 % de la valeur. Ces pertes sont liées au fait de ne pas avoir eu des prestations calculées sur un salaire élevé de fin de carrière.»
Les régimes CD ne comporteront pas ce genre d’inconvénient. Il est aussi possible de corriger cette effet négatif en augmentant de façon substantielle son salaire en changeant d’employeur, rappelle Daniel Laverdière.
« De temps en temps, quelqu’un qui quitte volontairement son employeur pour améliorer son sort peut corriger cet écart qui sera éventuellement réduit, ajoute-t-il. Si on quitte son emploi pour un poste moins payant, après un congédiement par exemple, il y aura plus de dommages.»
CRI et REER immobilisés
Lorsqu’un client quitte ou perd son emploi et qu’il avait un régime de retraite, sous une forme ou une autre, il devra choisir entre laisser les sommes dans le régime actuel ou de les emporter avec lui grâce aux véhicules conçus à cette fin.
Plus précisément, un client qui participe à un REER collectif pourra le laisser dans le REER collectif ou le transférer dans son propre REER ou encore dans celui de son nouvel employeur si ce dernier en offre un. Celui qui a un régime PD ou CD pourra le laisser dans le régime, l’envoyer dans le régime régime CD ou PD de son nouvel employeur si ce dernier en offre un ou le transférer dans un CRI ou dans un REER immobilisé, selon que l’entreprise qu’il quitte était gérée sous une charte fédérale ou provinciale.
« La réglementation est assez stricte, l’ex-employé aura un délai de 90 jours pour décider de ce qu’il veut faire avec son régime, note Léon Lemoine, planificateur financier et fondateur de Gestion Ethik. Je conseille souvent à mes clients qui changent d’emploi ou qui sont licenciés de m’envoyer une copie de cette lettre pour que je puisse leur expliquer les choix qu’ils ont à faire.»
Il faut s’assurer que le client prenne la bonne décision. Ce dernier pourrait être tenté de sortir les sommes du régime sur le coup de la colère après s’être fait congédier d’un poste dans une entreprise. Le client doit examiner toute une série de facteurs avant de prendre sa décision.
« Si le client est très jeune et que les montants concernés ne sont pas énormes, on peut le laisser chez l’employeur, note Angela Iermieri, planificatrice financière et porte-parole chez Desjardins. Toutefois, il faut considérer que si le régime est public ou parapublic, c’est plus sécuritaire, mais si on a affaire à une entreprise privée, ça peut être un facteur de risque.»
D’ailleurs, en matière de succession, tous les CRI n’ont pas été créés égaux rappelle Daniel Laverdière: « En effet, un CRI obtenu après un transfert d’un fond de pension sera roulé au conjoint, alors qu’un CRI obtenu après le règlement d’un divorce pourra être directement transféré aux enfants. »
Le client qui décide de sortir les sommes de son régime pour les mettre dans un CRI ou dans un REER immobilisé doit aussi être conscient qu’il aura plus de responsabilités de gestion: « Il faut comprendre qu’ils devront s’impliquer, soutient Angela Iermieri. Il faut quand même établir ses objectifs avec son conseiller et s’en occuper.»