« Ce fut notre meilleure réunion à ce jour », se réjouit Charles Lemay, président du CGE. Après deux éditions virtuelles pendant la pandémie, le retour aux rencontres en personne a fait le bonheur des participants.

Les allocateurs de fonds de pension participant à cet événement étaient principalement des family offices, des fonds d’investissement et des institutions financières. Cette année, ils se sont montrés particulièrement intéressés à rencontrer des firmes spécialisées dans les cryptoactifs et dans l’investissement quantitatif, basé sur l’intelligence machine et sur l’analyse de données, indique Charles Lemay.

Voir le talent à Montréal

Plusieurs gros joueurs étaient représentés, notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec et Hydro-Québec, ainsi que plusieurs institutions financières. Les allocateurs provenaient en majorité de Montréal. Une dizaine venaient de l’Ontario. Cinq avaient fait le déplacement depuis les États-Unis et un de l’Europe.

Les organisateurs ont reçu pour la première fois la caisse de retraite des enseignants du Texas (Teacher Retirement System of Texas), l’un des plus importants fonds de pension des États-Unis, qui dispose de plus d’1,7 million de membres et gère 231 milliards de dollars d’actif.

« Ce sont des spécialistes des gestionnaires émergents. Ils voulaient voir le talent que nous avons dans ce domaine à Montréal », indique Charles Lemay.

Ce talent était représenté notamment par les Montréalaises Bastion et Converium, qui ont attiré l’attention de plusieurs allocateurs. Parmi les firmes canadiennes qui ont eu plusieurs rencontres figurent Auspice, de Calgary, et Bonnefield, une firme torontoise spécialisée dans le financement de location de terres agricoles.

Un moment crucial pour la gestion de portefeuille

Les allocateurs ont démontré de l’Intérêt pour des stratégies de fonds alternatifs avec une performance élevée et une exposition aux commodités, des stratégies Long/Short qui ont performé au cours des dernières années, ainsi que des actifs réels comme l’immobilier résidentiel et les terres agricoles.

« La gestion de portefeuille se trouve à un moment crucial, car les gestionnaires doivent prouver qu’ils sont capables de protéger l’argent des clients tout en générant de l’alpha », relève le président.

L’objectif de ces rencontres n’est pas de conclure une entente immédiatement, mais de décrocher un deuxième rendez-vous. « Il faut en moyenne de 6 à 7 rencontres avec un allocateur avant de décrocher un investissement », indique Charles Lemay.

Cette journée représente une occasion unique pour les firmes émergentes de se faire connaître des investisseurs importants, car elles ont rarement l’opportunité d’avoir accès aux décideurs des grandes institutions, signale Charles Lemay. « Car, pour la majorité des gestionnaires émergents, le défi est de croître », souligne-t-il.

Plus difficile au Canada qu’aux États-Unis

À cet égard, les gestionnaires émergents ont une côte plus pentue à gravir au Canada par rapport à la réalité de leurs homologues américains, mentionne l’associé chez Gestion d’actifs mondiale Walter. Ils reçoivent en effet moins de support de la part des institutions financières canadiennes que leurs concurrents américains.

De nombreux fonds de pension américains allouent de 1 % à 2 % de leur actif total sous gestion à des gestionnaires émergents. « Ils y trouvent du talent pour former la prochaine génération d’entrepreneurs qui prendra la relève. »

Ce manque de financement de la part des institutions financières limite la croissance des firmes émergentes, déplore-t-il. « Pour obtenir des fonds, les firmes doivent arriver à prouver aux investisseurs qu’elles sont en mesure de livrer une performance adéquate. Or, un historique de rendements se bâtit au minimum sur trois ans. Elles doivent donc avoir les reins solides pour survivre financièrement aux premières années. » Le budget nécessaire pour lancer une firme s’élève à environ 1,5 million de dollars, selon le gestionnaire.

« Pour réussir, il faut avoir un bon plan, bien exécuté, avec une bonne équipe. S’il y a le moindre maillon faible, c’est un risque. »

Le CGE compte quelque 75 membres à travers le Canada, rapporte Charles Lemay. « On en a déjà eu jusqu’à une centaine. Certains ne sont plus en affaires. D’autres ont dépassé le milliard d’actif sous gestion, le seuil limite pour être considéré comme un gestionnaire émergent. »

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« Auspice propose des stratégies novatrices, basées sur une approche systématique et quantitative, offrant des rendements qui tendent à être particulièrement élevés en périodes de crise, en étant non corrélés aux classes d’actifs traditionnelles. Ces stratégies répondent à un réel besoin de l’industrie et ont déjà été adoptées par des investisseurs institutionnels respectés », affirme Sylvain Brosseau, chef de la direction et associé fondateur, Gestion d’actifs mondiale Walter, dans une communication officielle.

Les dirigeants des deux entreprises, Tim Pickering et Sylvain Brosseau, ont passé plus d’une année à bâtir une relation, autant personnelle que professionnelle, afin de s’assurer de la compatibilité de leurs personnalités et de leurs projets, ont-ils expliqué lors d’un entretien avec Finance et Investissement.

« Travailler avec Sylvain est une excellente opportunité, a déclaré Tim Pickering, fondateur et chef des investissements, chez Auspice Capital Advisors. Son expérience et sa réputation sont de première qualité, et il a pu construire une équipe remarquable. L’autre aspect important est le modèle d’affaire de WGAM et la façon dont l’entreprise conduit ses partenariats, qui facilite l’intégration de notre culture d’entreprise et notre désir d’expansion. »

Ce partenariat, qui permet à Auspice d’étendre ses services dans l’est du pays, s’accompagne d’une volonté exprimée par les deux dirigeants d’harmoniser les pratiques, souvent différentes, d’une région à l’autre. WGAM effectue ainsi sa première transaction dans l’ouest du Canada.

Tim Pickering évoque pour sa part son ambition de conquérir des parts de marché dans d’autres pays. « Nous avons déjà des clients institutionnels, et une certaine présence aux États-Unis, que nous voulons étendre sur une échelle mondiale. Les ressources de nos deux groupes nous permettent d’explorer une telle opportunité. »

« J’ai été très impressionné par Tim et son équipe, a confié Sylvain Brosseau. Ce qu’on cherchait, c’est une organisation qui détient des produits et des méthodes d’innovation. Auspice est une entreprise qui a un grand potentiel de croissance et est bien positionnée pour étendre ses opérations. »

Une stratégie d’investissement mise de l’avant pendant la crise

Auspice est connue pour installer des stratégies non traditionnelles, suivant les mouvements du marché et sa volatilité. Une façon de faire qui s’est révélée vitale dans la crise comme que nous vivons actuellement.

« La pandémie a mis en avant la nécessité d’établir une présence plus large, explique Tim Pickering. Elle a démontré l’importance d’avoir des relations établies dans tous les territoires dans lesquels nos services sont offerts, afin de rendre les opérations plus efficaces et efficientes. »

Auspice investit selon la méthode quantitative, explique Tim Pickering. « Nous nous concentrons sur les paramètres physiques d’un actif. Nous essayons de nous éloigner du côté fondamental qui cherche la raison du mouvement de la valeur d’un actif, et nous cherchons à participer à la tendance, qu’elle soit à la baisse ou à la hausse. Le but est d’offrir à l’investisseur quelque chose de différent, des canaux de rendement non traditionnels, et la façon de le faire est de construire des investissements dont le rendement est non corrélé au reste des actifs du portefeuille ».

« Lorsqu’on regarde ce qui s’est passé durant la pandémie, certains actifs, dont la valeur fluctuait habituellement de façon stable, sont passés par la turbulence de l’évènement, causant une correction substantielle. Dans un tel environnement, le type d’actifs importe peu, quelle que soit la diversification du portefeuille, celui-ci subit la volatilité amplifiée par la crise et les tensions du marché. Ce que nous visons, c’est d’être opposés au mouvement, pour profiter des avantages à la hausse, pendant les périodes de haute volatilité. Ceci est souvent appelé « crisis alpha » (i.e. alpha de crise), et permet de profiter des moments troubles. »

Auspice a pu, après les chamboulements du marché survenus au début du mois de mars, récolter les fruits de sa stratégie d’investissement de crise alors que la plupart des gestionnaires d’actifs enregistraient des pertes.

Sylvain Brosseau soutient qu’Auspice bénéficiera d’une liberté de conduire ses opérations telles qu’elle l’entend, témoignant sa confiance à Tim Pickering et à ses stratégies, jusqu’à présent gagnantes.

« Notre vision, lorsqu’on investit dans une entreprise, de ne pas être en contrôle des opérations. Nous détenons une participation minoritaire dans l’entreprise de Tim, afin de lui permettre d’être indépendant. Nous sommes là pour soutenir la croissance d’Auspice et travailler de pair avec son équipe de qualité afin d’être un partenaire de son excellence. »

WGAM injectera du capital dans Auspice, en investissant à travers l’un de ses fonds d’investissement, et n’exclut pas d’augmenter sa participation dans l’entreprise dans le futur.

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