La quantité d’actifs investis dans les FNB a explosé, certains FNB du marché général progressant inévitablement à un rythme plus rapide que les autres. Certains des fonds les plus populaires étant devenus extrêmement importants, quelques organismes de surveillance s’inquiètent qu’ils ne commencent à influencer les mouvements du marché – « devenant » ainsi le marché. Cette idée fausse s’est répandue au fil du temps et il est important d’en parler et d’y mettre fin, afin que les Canadiens puissent prendre des décisions éclairées concernant leurs portefeuilles.
Le marché des FNB
À la fin du mois de juillet 2019, les actifs des FNB au Canada ont atteint le sommet record de 183,7 milliards de dollars (G$), en hausse de 15 % par rapport à la même période de l’année dernière. Le nombre de FNB cotés dans des bourses canadiennes est maintenant de 721, soit 105 de plus que l’année dernière. Cette croissance est bien réelle. De nouveaux fournisseurs, fonds et investisseurs continuent de s’ajouter au marché des FNB.
De plus, la diversité du marché des FNB ne cesse d’augmenter avec l’arrivée des nouveaux fournisseurs proposant de nouvelles stratégies. Cependant, tout comme pour les autres instruments de placement, une poignée de FNB très populaires attire plus d’actifs de placement que les autres. Par exemple, les 25 plus importants FNB (selon les actifs gérés) représentent 40 % de la totalité des actifs investis dans des FNB au Canada. Parmi les 20 premiers, huit sont des fonds d’actions canadiennes et représentent 14,7 % du total des actifs. Qu’est-ce que cela signifie pour les cours des actions individuelles – le cas échéant?
Marchés efficaces, prix efficaces
Comme certains FNB se sont largement démarqués, certains participants du marché avancent l’hypothèse qu’ils pourraient entraîner des inefficacités dans la détermination du cours du FNB. Le cours d’une action pourrait-il être dicté par la gestion indicielle plutôt que par les fondamentaux de la société? En un mot : non. En dépit de la concentration des FNB populaires, le marché est de plus en plus diversifié et rien ne prouve que le cours d’une action soit influencé outre mesure par son inclusion dans un FNB.
Selon le Rapport sur les fonds d’investissement pour 2018 de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), les actifs des FNB s’élevaient à 156,7 milliards de dollars à la fin de 2018. Il s’agit certes d’un chiffre important, mais celui-ci ne représente que 9,9 % de la totalité des actifs détenus dans des fonds d’investissement, ce qui reste relativement bas par rapport à la totalité des titres négociés. Pour exercer une réelle pression sur les cours des titres, les actifs des FNB devraient représenter une grande majorité du marché. Or compte tenu de la diversité des placements disponibles sur le marché, cela n’est tout simplement pas réaliste.
Les FNB offerts au Canada et à l’échelle mondiale ont des mandats individuels; ils offrent une exposition à divers segments du marché et incluent des titres sous-jacents différents. Selon Gestion de Placements TD, « le marché est une compilation de différents types de titres – des actions ordinaires et privilégiées, des obligations d’État et de sociétés, des bons du Trésor, et bien plus encore. Il existe des milliers de FNB et nombre d’entre eux incorporent différentes stratégies de placement et de gestion indicielle. Chaque FNB et ses indices respectifs s’adaptent continuellement aux conditions du marché et, en conséquence, ils ne peuvent pas être considérés comme un panier d’actifs immuables. »
Les nouveaux FNB lancés sur le marché canadien sont souvent des mandats à gestion active et à bêta stratégique. Dans ses commentaires du premier trimestre de 2019, l’ACFNB indiquait que « 23 des 49 FNB lancés [au premier trimestre] étaient à bêta stratégique, contre 18 FNB à gestion active, soit seulement huit FNB à gestion purement passive. » Cette croissance des FNB à gestion indicielle non traditionnelle et à gestion active illustre la nature évolutive du secteur et offre un autre solide contre-argument à la notion que les FNB pourraient « devenir le marché ».