Le crédit privé est aujourd’hui une source mondialement reconnue de financement principale pour les emprunteurs du monde entier, l’industrie étant sur la bonne voie pour atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs gérés d’ici 2020, selon une étude publiée récemment par l’Alternative Credit Council (ACC) – la filiale de crédit privé de l’Alternative Investment Management Association (AIMA) – et le cabinet d’avocats international Dechert.
Le crédit privé est un crédit qui est accordé à des entreprises ou à des projets, négocié sur le plan bilatéral. Il n’est pas coté en bourse, comme de nombreuses obligations de sociétés, et il est émis ou détenu par des prêteurs autres que des banques. Il revêt diverses formes juridiques, notamment des prêts, des obligations, des billets ou des émissions privées de titrisation. Le crédit privé englobe diverses stratégies, notamment la dette immobilière, les créances en souffrance, les prêts directs, le financement mezzanine et le financement structuré.
Le rapport Financement de l’économie 2018 de l’AIMA ACC s’appuie sur une enquête internationale menée à l’échelle du secteur auprès d’environ 70 gestionnaires de crédit privés dont les actifs de crédit privé gérés totalisent 470 milliards de dollars dans un large éventail de juridictions et de stratégies. Le rapport intervient au moment où le Conseil de stabilité financière, présidé par le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, reconnaît le financement de marché sous le nouveau terme « intermédiation financière non bancaire ».
Alors que la moitié du capital des répondants (51 %) est allouée aux petites et moyennes entreprises (PME) ou aux emprunteurs de taille moyenne – plus que jamais auparavant – les gestionnaires prêtent aussi de plus en plus à un éventail beaucoup plus large d’emprunteurs en dehors du marché intermédiaire : des petites entreprises et des jeunes entreprises aux grandes entreprises, aux projets immobiliers et d’infrastructure. Un gestionnaire de crédit privé sur cinq interrogé fournit du financement à des entreprises dont le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) est supérieur à plus de 100 millions de dollars, et plus de 40 % des gestionnaires interviewés accordent des prêts à des entreprises dont le BAIIA est inférieur à 25 millions de dollars.
La base d’investisseurs du crédit privé continue de croître, avec plus de 70 % de tout le capital engagé du crédit privé provenant désormais d’investisseurs institutionnels, d’après l’étude. La diversité du secteur offre des stratégies attrayantes pour les petits investisseurs ou les investisseurs non institutionnels tels que les family offices, qui représentent 5 % du capital engagé alloué au crédit privé. De nos jours, 38 % du capital engagé provient d’investisseurs nord-américains et 31 % d’Europe (à l’exclusion du Royaume-Uni), ce qui indique que le marché européen devient une région clé pour le crédit privé.
La majorité des gestionnaires de crédit privé interrogés ont une longue expérience du secteur, avec deux tiers des répondants ayant plus de 6 ans d’activité, et 45 % d’eux ayant plus de 10 ans d’activité; les gestionnaires ont de l’expérience dans de nombreux types de fonds et de prêts.
Les gestionnaires de crédit privé continuent d’offrir aux emprunteurs un financement sur mesure qui offre beaucoup plus de souplesse en termes de coupons et de modalités du contrat que les prêts bancaires traditionnels. Les modalités du contrat limitent certaines mesures qu’une société pourrait prendre pendant la durée du prêt afin de protéger les intérêts du prêteur.
Les données de l’enquête l’ont confirmé, puisque environ quatre fois plus de répondants ont indiqué que les commissions d’arrangement diminuent plutôt qu’ils n’augmentent. Deux fois plus de répondants ont indiqué que la protection des clauses restrictives financières s’était plus affaiblie que renforcée au cours de la dernière année. Le tableau des coupons de prêt est nettement plus nuancé, avec un tiers des répondants ayant déclaré que les coupons ont diminué au cours des 12 derniers mois.
Toutefois, même si les gestionnaires de crédit privé font preuve davantage de souplesse en ce qui concerne les clauses restrictives par rapport aux années précédentes, il existe toujours des niveaux de risque qu’ils ne franchiront pas.
Les gestionnaires de crédit privé s’attendent à une croissance continue dans l’ensemble de la catégorie d’actifs, avec un plus grand nombre de répondants prévoyant d’augmenter leur allocation, plutôt que de la diminuer, dans chaque sous-secteur du marché privé du crédit. L’optimisme est à son comble en ce qui concerne les prêts attribués aux PME et aux entreprises de taille moyenne, où un tiers des personnes interrogées prévoient d’augmenter les allocations au cours des trois prochaines années. Les répondants s’attendent à une croissance à peu près équivalente sur le marché des créances en souffrance, en espérant que les taux d’intérêt augmentent, ce qui rendra la tâche plus difficile pour certains emprunteurs de respecter leurs engagements de prêt ou de refinancer leurs emprunts existants.
Toutefois, les gestionnaires se préparent également à la possibilité d’une fin du cycle actuel de crédit et à des conditions économiques plus difficiles pour les emprunteurs. Ainsi, les gestionnaires prêtent de plus en plus à des postes de plus grande responsabilités dans la structure du capital et s’éloignent des secteurs cycliques.
Le capital continue d’être mis à contribution avec de la poudre sèche – également connue sous le nom de capital disponible – qui demeure à environ un tiers de l’actif total du secteur, ce qui est inférieur à la moyenne à long terme du secteur.
Le financement est utilisé avec parcimonie, plus de la moitié des gestionnaires et des investisseurs interviewés préfèrent les stratégies de crédit privé sans effet de levier. Lorsque l’effet de levier est utilisé, il tend à se situer à des niveaux relativement faibles, bien que ces niveaux aient légèrement augmenté au cours de la dernière année.
Le capital investi dans les fonds de crédit privé est adapté aux besoins des emprunteurs dans l’économie réelle. Près de 66 % des gestionnaires interviewés ont recours à des structures d’engagement et de retrait de fonds fermés. Cela profite au système financier en faisant en sorte que les emprunteurs sachent qu’ils peuvent utiliser l’argent pendant toute la période convenue au préalable avec le gestionnaire du fonds de crédit privé. Cela signifie que les emprunteurs peuvent être plus sûrs du financement en période de fluctuations du marché, car les fonds ne peuvent pas être retirés par les investisseurs.
Jiří Krόl, Directeur général adjoint de l’ACC, a commenté : « C’est enthousiasmant de voir la croissance et le succès continus de notre secteur, tant sur le plan géographique que sur celui des différentes stratégies et catégories d’actifs sous-jacents. Nous sommes aujourd’hui reconnus comme une source de financement importante et unique par les décideurs politiques. Cela dit, la plupart des acteurs du secteur réfléchissent à ce qui arrivera au prochain cycle, tandis que l’ère d’une politique monétaire extrêmement laxiste touche à sa fin. »
Stuart Fiertz, président de l’ACC, a commenté : « Au cours de la dernière décennie, le crédit privé est passé d’une forme de prêt de niche à une forme de financement classique et intégrale. Dans le même temps, il est devenu une catégorie d’actif autonome qui comprend un éventail de stratégies et de types de financement. [Des rapports comme Financement de l’économie] assureront une plus grande transparence de notre activité auprès du marché, des investisseurs et de la communauté réglementaire. Nous croyons que ce sera important en cette période de changement de cycle, afin de nous assurer de maintenir les normes, de demeurer disciplinés et d’être des intendants responsables du capital à long terme ».
L’Alternative Credit Council (ACC) est un organisme mondial qui représente les sociétés de gestion d’actifs dans le domaine du crédit privé et des prêts directs. Il représente actuellement plus de 100 membres qui gèrent 350 milliards de dollars d’actifs de crédit privés. L’ACC est affiliée à l’AIMA et est régie par son propre conseil d’administration qui relève en dernier ressort du Conseil de l’AIMA. Les membres de l’ACC constituent une importante source de financement pour l’économie. Ils fournissent des financements aux entreprises de taille moyenne, aux PME, aux promoteurs immobiliers commerciaux et résidentiels, aux infrastructures ainsi qu’aux entreprises de commerce et de créances.
Les principaux objectifs de l’ACC sont de fournir des orientations sur les questions de politique générale et de réglementation, de soutenir les efforts de sensibilisation et d’éducation à plus grande échelle et de susciter de la recherche industrielle en vue de renforcer la durabilité du secteur et d’en accroître les avantages économiques et financiers. Le crédit alternatif, la dette privée ou les fonds de prêts directs ont connu une croissance substantielle au cours des dernières années et sont en train de devenir un segment clé de l’industrie de la gestion d’actifs. L’ACC cherche à expliquer la valeur du crédit privé en soulignant les avantages de la stabilité économique et financière du secteur dans son ensemble.