Au Canada comme à l’étranger, les raisons de se réjouir que le crédit privé soit considéré en tant que classe d’actifs sont nombreuses. Les investisseurs institutionnels et particuliers, avides de rendement, de diversification, de réduction de la volatilité et de rendements améliorés non corrélés par rapport aux indices larges, ajoutent régulièrement des investissements dans le crédit privé depuis plusieurs années.

Avec plus d’un milliard de dollars américains dans le monde, le crédit privé est un pilier en plein essor dans les portefeuilles. Preqin rapporte que les pensions publiques et les fonds de dotation ont des allocations actuelles de 2 % (objectif de 5 %), les gestionnaires de grande fortune ont des allocations de 10 % (objectif de 7 %) et les gestionnaires de patrimoine ont des allocations actuelles de 6 % (objectif de 5,5 %) au quatrième trimestre 2021.

Au-delà des allocations actuelles, une récente enquête d’ACC & With Intelligence auprès de plus de 220 investisseurs institutionnels américains a révélé que 40 % d’entre eux prévoient d’ajouter au crédit privé, citant parmi les raisons de le faire les préoccupations liées à la valorisation des actions et à l’inflation, les fortes attentes de rendement, les faibles rendements des titres à revenu fixe, l’accès à de nouvelles opportunités et le respect des allocations cibles. En particulier, 57 % des pensionnés américains qui ont répondu ont l’intention d’allouer au crédit privé cette année, suivis par 50 % des gestionnaires de grande fortune répondants. Au nom des Canadiens et des employés du secteur public local, CPP Investments, IMCO et bien d’autres encore investissent activement dans le crédit privé.

Le crédit privé comble une lacune importante en fournissant un financement essentiel à l’économie réelle et aux entreprises canadiennes. Même si le Canada est un leader dans le domaine bancaire, il y a de nombreuses petites et moyennes entreprises qui pourraient compter sur un prêteur non conventionnel ou même préférer travailler avec lui. Ces emprunteurs bénéficient d’un accès supplémentaire au capital, de calendriers de remboursement flexibles, d’une plus grande souplesse dans la structure ou les clauses restrictives et d’une expertise ou de partenariats spéciaux proposés par le prêteur. La simplification et la surveillance réglementaire imposées aux modèles commerciaux bancaires traditionnels impliquent qu’il peut ne pas être viable pour les banques de prêter à certaines entreprises à des conditions réalistes. La raison n’en est pas nécessairement que l’entreprise présente un mauvais risque de crédit, mais plutôt qu’elle ne correspond pas à la tolérance au risque d’une banque ou à son exposition actuelle.

Le crédit privé est une bouée de sauvetage vitale pour les entreprises traditionnelles et plus encore, surtout dans des environnements de marché difficiles comme ceux que nous avons connus avec la pandémie. Selon PitchBook, un fournisseur de données du secteur, plus de 17 milliards de dollars américains de dette privée ont été accordés depuis janvier 2021 dans plus de 324 transactions au Canada, avec plus de 5,4 milliards de dollars américains de dette privée accordés par des gestionnaires d’investissement canadiens dans plus de 83 transactions locales.

Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe, les gouvernements encouragent activement le financement des entreprises traditionnelles par des moyens traditionnels. Le nouveau Fonds d’actifs à long terme (Royaume-Uni) et le Fonds européen d’investissement à long terme (UE), récemment réformé, permettront aux investisseurs particuliers d’accéder plus facilement au crédit privé et débloqueront une nouvelle source de financement pour les entreprises du Royaume-Uni et de l’UE. Le marché américain du crédit privé de détail, représenté principalement par les sociétés de développement commercial, qui représente aujourd’hui 163 milliards de dollars américains et ne cesse de croître, fournit déjà aux entreprises américaines un financement important qui soutient leur capacité à être compétitives à l’échelle mondiale.

Ici aussi, au Canada, nous avons vu des structures de fonds de crédit privé plus conviviales pour les particuliers, lancées par des gestionnaires d’actifs traditionnels et des boutiques. C’est le genre d’innovation de produit et de flexibilité d’allocation d’actifs dont les investisseurs canadiens ont besoin et qu’ils méritent, surtout dans un contexte de marché volatil, à forte inflation et à rendement limité. Ce profil risque-rendement attrayant peut s’accompagner d’une prime d’illiquidité, que les investisseurs doivent comprendre et accepter lorsqu’ils envisagent de calibrer leurs allocations. Même si la liquidité régulière peut être une caractéristique positive de certains fonds, les investisseurs doivent être conscients qu’en période de stress ou de conditions de marché inhabituelles, les fonds peuvent restreindre davantage les rachats afin de garantir le traitement équitable de tous les porteurs de parts et d’équilibrer les flux de fonds au sein des investissements sous-jacents.

Les investisseurs doivent être préparés et avoir les moyens de poser des questions approfondies lorsqu’ils examinent tout investissement. L’AIMA et le CCA mettent à la disposition de leurs membres et des investisseurs de nombreuses ressources sur la diligence raisonnable en matière de crédit privé, y compris des questions que les investisseurs particuliers peuvent poser aux gestionnaires de fonds lorsqu’ils envisagent des investissements. Les questions peuvent inclure, sans toutefois s’y limiter, les sujets suivants : Comment les conditions de remboursement des prêts initiés sont-elles généralement structurées? Quel est le processus d’évaluation du crédit et de diligence raisonnable du gestionnaire d’investissement? Quels types de déclarations, de garanties et de clauses restrictives les emprunteurs doivent-ils donner et quelles garanties sont exigées? Comment ces aspects sont-ils contrôlés? Quelle est la politique du gestionnaire d’investissement à l’égard des prêts douteux/en difficulté ou des créances irrécouvrables et quels sont ses antécédents? Qui sont les prestataires de services indépendants et externalisés du fonds (par exemple, l’auditeur, le dépositaire, le conseiller juridique, etc.)? Quels sont les cadres de gestion des risques en place (par exemple, les lignes de rapport indépendantes, les politiques et procédures de gestion des risques opérationnels, les conflits d’intérêts, etc.)? Quelle est la liquidité du fonds et correspond-elle à la liquidité des actifs sous-jacents? Et bien d’autres encore (rendez-vous sur le site AIMA.org et lendingforgrowth.org pour trouver plus de ressources).

Alors que nous envisageons les objectifs d’investissement et de retraite des Canadiens, il est essentiel que les investisseurs continuent d’accéder aux avantages de cette précieuse classe d’actifs et aux stratégies qui la composent. Pour les entreprises canadiennes, le besoin peut être encore plus aigu alors qu’elles cherchent à dépasser le contexte continu de la pandémie et à se rétablir. Sans l’option du crédit privé, les investisseurs et les propriétaires d’entreprises auraient une situation plus difficile. Nous avons pleinement confiance dans l’avenir du secteur du crédit privé et nous continuerons à travailler sans relâche pour tirer parti de son succès et soutenir des pratiques de marché solides, à tous les niveaux.