Cette recherche rassemble les idées de 30 chefs de file de l’industrie, les données de sondages menés auprès de 60 entreprises gérant près de 400 milliards de dollars américains (G$) en actifs de crédit privé, et identifie les tendances clés qui définiront l’avenir de ce secteur.
Le crédit privé consiste essentiellement à fournir aux emprunteurs un financement visant à soutenir leur croissance et aux investisseurs un accès le plus direct possible aux actifs disponibles sur les marchés des prêts. Des progrès substantiels ont été réalisés par les gestionnaires de crédits privés dans ce domaine au cours des dix dernières années. Leur succès est évident, car les capitaux alloués au crédit privé ont continué de dépasser les attentes.
Bien que ces progrès méritent à juste titre d’être salués, les gestionnaires de crédits privés n’ont fait que gratter la surface des possibilités propres à cette catégorie d’actifs. il est prévu que l’expansion de la sphère du crédit privé continuera d’être une caractéristique clé du marché, tant d’un point de vue géographique que stratégique. Cette expansion permettra aux gestionnaires de tirer parti de leur présence actuelle sur les marchés principaux tout en innovant sur les marchés moins développés. En même temps, le rapport fait état de nouvelles stratégies susceptibles de permettre aux investisseurs d’avoir accès de manière plus importantes à des emprunteurs sur des marchés qui sont actuellement hors de portée.
Cette expansion a lieu à un moment où les questions relatives à la viabilité du crédit privé occupent une place de plus en plus importante dans la réflexion des investisseurs et des responsables politiques. À cet égard, on se demande souvent si les pratiques de prêt responsables sont effectivement respectées. Le crédit privé exacerbe-t-il la procyclicité des marchés ou constitue-t-il un régulateur utile ? Quel sera le rendement de l’industrie en période de ralentissement économique ?
Les gestionnaires des crédits privés reconnaissent que les perceptions à long terme des investisseurs et des décideurs politiques à l’égard de cette catégorie d’actifs sont extrêmement importantes. Plutôt que d’éviter de tels obstacles, de nombreux gestionnaires les ont mis à l’avant-plan de leur réflexion lors de la consolidation de leurs entreprises et des investissements dans leur infrastructure opérationnelle.
Des défis inévitables attendent le crédit privé. Les risques continuent de s’accumuler sur de nombreux marchés de crédit, et la capacité d’adaptation des modèles économiques sera testée de différentes manières au cours des cinq prochaines années. Le succès de cette catégorie d’actifs au cours de cette période sera lié à la capacité des gestionnaires de crédit privés de continuer à être un partenaire précieux et digne de confiance pour les emprunteurs et investisseurs en période de prospérité comme de récession.
Cette recherche montre comment les gestionnaires de crédits privés se préparent à relever ce défi et à faire en sorte que leurs parties prenantes continuent à prospérer, quelle que soit la conjoncture économique.
Les principaux aspects du document de 2019 sont les suivants :
Les facteurs déterminants de la croissance structurelle à long terme sont intacts : les facteurs qui soutiennent la croissance du crédit privé – l’attrait croissant des marchés privés pour les investisseurs, le repli du secteur bancaire et l’attrait des relations directes entre prêteurs et emprunteurs – stimuleront l’expansion de cette catégorie d’actifs au cours des dix années à venir.
La répartition du capital dans cette catégorie d’actifs sera déterminée par la capacité des gestionnaires de crédits privés à offrir des opportunités de croissance et de revenu différenciées, en particulier dans un environnement à faible rendement, ainsi qu’une protection potentielle à la baisse en période de turbulence des marchés. Ainsi, une plus grande diversité de marchés et de stratégies évoluera au sein de la marque de crédit privé au sens large. Il est probable que le marché fera de plus en plus la différence entre les gestionnaires de crédits privés axés sur les marchés à créneaux et ceux qui peuvent offrir aux investisseurs l’accès à de multiples stratégies de crédit privé.
Les problèmes cycliques sont en tête de l’ordre du jour : le cycle du crédit et le cycle économique sont une considération primordiale pour presque tous les gestionnaires de crédits privés, qui influencent leur approche en ce qui concerne les pratiques de souscription et la façon dont ils évaluent le risque et structurent les opérations. La capacité à gérer les prêts en difficulté est désormais un point clé de différenciation pour les investisseurs lorsqu’ils évaluent les gestionnaires de crédits privés, car ils cherchent à identifier les gestionnaires ayant des modèles d’affaires robustes.
En ce qui concerne le capital humain, l’industrie connaît une demande croissante de personnes qualifiées et continue de rivaliser avec le monde du capital-investissement pour la main-d’œuvre qualifiée.
Profiter de la prime de complexité est la clé : la flexibilité par rapport aux besoins de leurs clients reste une force reconnue du crédit privé, mais qui a un prix sous la forme d’exigences toujours croissantes en matière d’infrastructure opérationnelle. Les obstacles réglementaires uniques auxquels se heurtent les gestionnaires de crédits privés sur certains marchés continuent d’être le principal facteur déterminant de la croissance du crédit privé dans ces juridictions.
Les gestionnaires de crédits privés s’attaquent à ce problème en investissant massivement dans du personnel possédant les compétences et l’expérience nécessaires, en améliorant l’efficacité du processus de prêt à l’aide de nouvelles technologies et en collaborant avec les décideurs politiques pour réduire les obstacles réglementaires.
Le capital institutionnel oriente une partie du marché vers l’homogénéisation : le crédit privé a toujours été une catégorie d’actifs institutionnels et l’influence des investisseurs institutionnels continuera d’avoir une incidence significative sur son développement. Leurs attentes en matière de gestion du risque, de surveillance du portefeuille et de présentation de rapports incitent déjà les gestionnaires de crédits privés à investir dans leur infrastructure opérationnelle, et nous prévoyons que cette tendance se maintiendra.
L’acceptation du crédit privé par les investisseurs institutionnels qui n’ont pas encore affecté de capitaux au crédit privé sera probablement accélérée par le développement de sources de données plus sophistiquées et de critères de performance reconnus. Les investisseurs soumis à une réglementation prudentielle continuent de réclamer des mesures et des notations de risque harmonisées, ce qui peut parfois entrer en conflit avec la nature sur mesure et idiosyncrasique des actifs de crédit privé.
Les considérations ESG qui façonnent le marché : un changement structurel dans l’attitude des investisseurs à l’égard des considérations ESG dans le crédit privé s’est produit. L’incohérence dans la manière dont les éléments ESG se reflètent dans les choix d’investissement et l’absence de formats de données normalisés entravent l’intégration des éléments ESG dans les pratiques commerciales générales. Toutefois, l’industrie poursuit ses efforts en vue d’établir un consensus sur ce qui constitue des mesures ou des approches pertinentes en matière d’ESG et de soutenir la compréhension et les demandes des investisseurs.
Les gestionnaires de crédits privés investissent également dans leurs propres systèmes pour saisir, surveiller et communiquer les données pertinentes. En même temps, la diversité est de plus en plus reconnue comme une question de développement des entreprises (attraction des talents) et de compétence, ainsi que comme une protection contre le risque de la pensée de groupe.
La transparence est la clé de la durabilité : il demeure primordial que l’industrie aide les investisseurs et les décideurs politiques à comprendre le crédit privé. L’établissement de meilleures sources de données de marché et de mesures appropriées du rendement et des risques n’est qu’une façon pour le marché de démontrer la valeur du crédit privé à ces parties prenantes. Il sera essentiel pour les gestionnaires de crédits privés d’appuyer une approche du secteur fondée sur des données probantes à un moment où les préoccupations relatives à la dynamique de fin de cycle influent de plus en plus sur la perception du marché. Pour le crédit privé, le défi consistera à recadrer cette conversation autour de la stimulation de l’expansion économique par le crédit privé et de la création de valeur pour ses investisseurs.
Le repli du secteur bancaire, l’importance croissante des marchés privés pour les investisseurs et l’attrait durable d’une relation de prêteur direct pour les emprunteurs sont parmi les principaux facteurs structurels qui sous-tendent l’expansion continue du crédit privé. Ces vents favorables sont là pour rester, permettant aux gestionnaires de crédits privés de développer de nouveaux produits, stratégies et marchés pour leurs investisseurs.
Ces facteurs structurels sont susceptibles d’être tempérés par ce que l’un des répondants a dit être « le tournant du cycle de crédit le plus discuté et le plus anticipé de l’histoire ». La façon dont l’industrie relèvera ce défi dans certains de ses marchés les plus matures sera importante pour l’avenir de cette catégorie d’actifs.
Bien que certains pensent que nous vivrons un moment décisif au cours des prochaines années, la plupart des gens estiment que le modèle est suffisamment solide pour résister à toute perturbation. Ce dernier point de vue n’implique pas un optimisme naïf, mais la reconnaissance du fait que le crédit privé joue un rôle important dans le financement de l’économie dans toute situation future. Le soutien continu de cet effort collectif de l’AIMA et du CCA assurera la pérennité du secteur.