AIMA, en partenariat avec Cowen, a récemment publié un rapport qui analyse la communauté mondiale des gestionnaires de fonds spéculatifs émergents. Les constats du rapport « Emerging Stronger : enquête sur les gestionnaires de la prochaine génération 2022 » s’appuient sur deux sondages : l’un concernant des gestionnaires émergents gérant jusqu’à 500 millions de dollars américains (M$) d’actifs sous gestion (ASG), et l’autre effectué auprès d’investisseurs qui allouent des fonds à ces gestionnaires.
Principales conclusions du rapport :
- Le seuil de rentabilité moyen a chuté de 25 %, passant de 86 M$ en 2017 à 64 M$.
- Deux tiers des investisseurs envisageront d’allouer des fonds spéculatifs à des gestionnaires ayant moins de 100 M$ d’ASG.
- Le délai moyen de conclusion de nouveaux investissements pour les gestionnaires émergents est de 6,3 mois en moyenne et encore moins, 5,6 mois, pour les gestionnaires de fonds de moins de 100 M$.
La recherche a établi l’existence d’une communauté de gestionnaires de fonds spéculatifs qui a résisté aux récentes turbulences macroéconomiques et en est sortie plus robuste et plus résistante qu’elle l’était auparavant. Ces gestionnaires sont parvenus à ce résultat en réduisant leurs coûts dans la mesure du possible, y compris :
Sacrifice salarial
- Il n’est pas rare que la grande majorité du capital investi dans un hedge fund émergent/jeune entreprise, lors de sa création et tout au long de ses premières années, provienne des fondateurs/directeurs.
- De plus en plus, les premières années seront maigres en matière de retour d’investissement, et c’est encore plus le cas que dans les années précédentes. Il est aussi plus courant de privilégier les coupes de salaires et d’effectuer d’autres sacrifices personnels pour assurer le bien-être de l’entreprise.
- La rémunération différée est une pratique de plus en plus courante auprès des directeurs de fonds des petites entreprises en phase initiale. Il est également courant que les directeurs réinvestissent tous ces reports dans leur fonds.
Davantage d’externalisation ?
- Une étude conjointe de KPMG/AIMA de 2021 indique qu’un nombre croissant de fonds spéculatifs étendent leurs efforts d’externalisation. Les investisseurs sont de plus en plus à l’aise avec le fait que les fonds spéculatifs externalisent davantage, certains les poussant même à aller plus loin dans ce sens.
- La pandémie a forcé les fonds spéculatifs à chercher à être encore plus efficaces et a accéléré des tendances comme l’externalisation.
Moins de déplacements : plus d’économies pour les résultats des entreprises
- Il ne fait aucun doute que les entreprises ont économisé sur les frais de déplacement et de divertissement et que l’acceptation de la connexion virtuelle (vérification au préalable en ligne, etc.) a permis aux entreprises d’envisager moins de déplacement dans l’avenir.
Utilisation des plates-formes
- L’émergence des plates-formes d’hébergement réglementaire a permis aux entreprises de s’autogérer à une fraction du coût requis pour exploiter la fonction de conformité entièrement en interne. La popularité de ces plates-formes auprès des gestionnaires – et leur acceptation par les investisseurs – n’a cessé de croître au fil du temps, contribuant à la réduction générale des coûts dans le secteur.
Réduction des frais de bureau
- Une autre tendance accélérée par la pandémie est la décision de certaines entreprises de quitter les centres-villes pour s’installer dans des endroits plus éloignés, où le coût de la vie est moins élevé.
Historiquement, il est de mise que les gestionnaires de fonds doivent détenir un historique d’au moins trois ans et disposer d’un actif net de plus de 100 M$ avant que la plupart des investisseurs ne les considèrent réellement. Sur ces deux points, les investisseurs interrogés ont rejeté ces points de vue, les données montrant que la grande majorité d’entre eux considérerait un fonds de moins de trois ans et disposant de moins de 100 M$ d’ASG. De plus, les investisseurs semblent davantage disposés à s’engager avec les gestionnaires à un stade plus précoce de leur cycle de vie et prennent moins de temps pour accepter de nouveaux investissements. Les préférences des investisseurs en matière de stratégie semblent correspondre étroitement à ceux proposés par ces gestionnaires, les stratégies d’actions longues-courtes et multi-stratégies représentant un total de 62%.
En matière de frais de gestion, l’enquête de cette année n’a révélé aucun changement par rapport à celle de 2017, les frais de gestion moyens s’établissant à nouveau à 1,4 %. Notamment, cette année, seuls 9 % des gestionnaires de fonds facturent 2 % ou plus, contre 14 % en 2017. Simultanément, la fourchette de 1 % à 1,49 % est passée de 36 % en 2017 à 48 % en 2022. Les autres tranches de frais sont restées à peu près constantes.
Nous avons constaté depuis un certain temps que le modèle de frais dit « 2 & 20 » est pratiquement superflu. Ce point de données renforce notre opinion selon laquelle la structure des frais facturés par les fonds spéculatifs devient de plus en plus variée. Les gestionnaires et les investisseurs montrent leur volonté de travailler avec différents fonds et structures de frais afin de mieux répondre aux demandes des investisseurs et de s’assurer que leurs activités restent viables. Par stratégie, les fonds de crédit long-court facturent les frais les plus élevés (1,57 %) tandis que les fonds global macro sont les plus compétitifs en termes de frais (1,10 %). De même, les frais de performance moyens sont restés stables à environ 16 %.
Au Canada, les frais sont nettement inférieurs à ceux véhiculés par les stéréotype des 2 % et 20 %. Fundata rapporte que les frais de gestion moyens des fonds spéculatifs au Canada sont de 1,3 % avec une moyenne de 16 % de frais de performance, en avril 2022.