Bien que les activités de fusion et acquisition (F&A) à l’échelle mondiale se soient considérablement calmées depuis l’année dernière, notamment en raison de la hausse fulgurante des coûts d’emprunt et du climat d’incertitude qui règne sur les marchés, il subsiste quelques zones où l’appétit des investisseurs n’a pas été gâché. Il s’agit notamment des soins de la santé, des produits industriels et des matériaux, et ces secteurs tirent parti de quatre grandes et puissantes tendances :
- relocalisation des chaînes d’approvisionnement en raison des tensions géopolitiques;
- électrification et besoin en matériaux rares;
- urbanisation mondiale et besoin en infrastructure et énergie optimisées;
- taux d’inflation et d’intérêt élevés qui font grimper les coûts de gestion de la dette.
Dans le secteur des soins de la santé, les activités ont atteint un sommet notable cette année. En effet, le volume d’ententes a surpassé de presque 50 % celui de l’année dernière. Au cours des quelques derniers mois, on a annoncé des douzaines d’ententes dans l’industrie pharmaceutique et biotechnologique, ce qui a fourni aux investisseurs en arbitrage sur fusion un flot d’ententes de première qualité. Cette effervescence est due à une multitude de facteurs venant tant du marché que des secteurs en question qui, ensemble, ont instauré un climat propice aux F&A.
Penchons-nous plus avant sur le secteur de la biotechnologie, lequel jouit présentement d’une forte reprise sur le plan des F&A.
Les entreprises biotechnologiques ont normalement pour produit un seul médicament ou traitement. Elles doivent réunir des millions de dollars pour financer les recherches et le développement, et faire approuver leur remède par la FDA alors que la date de mise en marché et l’issue sont incertaines. À la lumière de cette information, il va de soi que l’investissement dans une entreprise biotechnologique est hautement spéculatif. Ainsi, à cause des taux d’intérêt élevés, du marché plus volatil et de la perte d’appétit pour le risque des investisseurs spéculatifs, nombre d’entreprises biotechnologiques se sont retrouvées à court de capital et se négocient à un escompte considérable.
Les grandes compagnies pharmaceutiques assorties d’un solide bilan et de copieuses trésoreries sont bien placées pour faire l’acquisition d’un concepteur de médicament aux résultats cliniques probants ou prometteurs. En effet, les acquéreurs peuvent ensuite mettre à profit leurs propres services de marketing et de distribution, ainsi que leurs coûts indirects fixes, une stratégie à même de justifier le paiement d’une prime élevée pour bonifier leur portefeuille d’un nouveau médicament.
Bien que les grandes entreprises pharmaceutiques et d’assurance se trouvent de plus en plus sous la loupe des régulateurs, les nouveaux médicaments et traitements mis au point par le secteur biotechnologique recoupent de moins en moins ceux existants et rencontrent de ce fait moins de problèmes réglementaires. Comme les sociétés biotechnologiques sont normalement achetées avec des liquidités disponibles et intégrées à des entreprises pharmaceutiques plus importantes, ce genre d’acquisition a tendance à se conclure plus vite, ce qui apporte aux investisseurs sur arbitrage un rendement intéressant, particulièrement lorsque l’entente est structurée sous forme d’offre publique d’achat.
Normalement, une offre publique d’achat ne nécessite pas l’approbation du conseil d’administration ni le vote des porteurs de parts, ce qui accélère considérablement le processus menant à la fusion.
Voici, à titre d’exemple, une entente semblable qui concernait l’acquisition de Provention Bio, Inc. (NASDAQ : PRVB) par Sanofi S.A. (EPA : SAN). Sanofi voulait ainsi ajouter TZIELD de Provention, un médicament de premier plan pour le diabète de type 1, à son portefeuille d’actifs médicaux. Le 13 mars 2023, Sanofi a annoncé qu’elle entendait se porter acquéreur de Provention en vertu de modalités stipulant le lancement d’une offre publique d’achat par Sanofi visant toutes les actions en circulation de Provention à raison de 25 $ la part. Le cours de clôture des parts de Povention s’élevait à 24,10 $ quand l’offre d’achat a été annoncée. La fusion a été achevée à peine 46 jours plus tard le 28 avril 2023. Investir dans cette fusion au prix de clôture des actions à la date de l’annonce et y rester jusqu’à sa réalisation aurait rapporté un rendement de 3,7 % et un taux de rendement annualisé de plus de 33 %, ce qui met en évidence les mérites de ce genre de structure.
Le secteur de la biotechnologie a été la cible de nombreuses activités de F&A, offrant aux investisseurs en arbitrage une multitude d’occasions de première qualité, à faible risque et dotée d’un bon potentiel de rendements élevés. Nous avons récemment ajouté bon nombre de nouvelles positions dans le Fonds alternatif d’arbitrage Pender, notamment : Heska Corporation (NASDAQ : HSKA), Prometheus Biosciences Inc. (NASDAQ : RXDX), Satsuma Pharmaceuticals, Inc. (NASDAQ : STSA), BELLUS Health Inc. (NASDAQ : BLU), Spectrum Pharmaceuticals, Inc. (NASDAQ : SPPI) et IVERIC bio, Inc. (NASDAQ : ISEE).
Les sociétés de capital-investissement demeurent actives en ce qui a trait aux ententes sur le marché public, représentant la plus grande part des transactions et la majorité des ententes d’envergure pour l’année[1].
Considérant que les sociétés de capital-investissement possèdent presque un billion de dollars devant être déployés, que les valeurs sur le marché public sont plus attrayantes que celles sur le marché privé, que le retour en scène des banques en matière de financement par emprunt et que diverses mesures incitatives encouragent ce genre d’entente, le contexte est on ne peut plus favorable aux activités de F&A à l’avenir.
L’augmentation de la volatilité et des risques réglementaires a cependant eu comme effet positif l’élargissement des écarts sur arbitrage le mois dernier. En effet, les investisseurs en sont à réévaluer le risque afférent aux ententes et à demander un effet compensatoire plus élevé sous forme de primes pour les risques encourus et pour le manque de liquidité. Cela mène à une dispersion plus prononcée des écarts ou à des erreurs d’évaluation des risques, ce qui permet aux investisseurs en arbitrage de paramétrer leur exposition aux diverses ententes et d’optimiser leurs rendements ajustés en fonction du risque.
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[1] https://www.institutionalinvestor.com/article/b8yk7w5g0tjg3m/Take-Private-Dealmaking-Continues-at-a-Record-Pace