Depuis plus d’un an, nombre d’acheteurs et de vendeurs attendent sur la ligne de touche que la prévisibilité et le contexte s’améliorent avant de s’engager dans des ententes de fusions et acquisitions (F&A); or, 2024 pourrait bien être l’année où seront mis à bon usage les billions de dollars qui dorment dans les coffres des entreprises. Advenant un tel dénouement, certains secteurs antérieurement mal aimés, comme celui des petites et moyennes entreprises (PME), pourraient soudainement se trouver dans la mire des investisseurs.
Selon les commentaires émis par divers banquiers et négociateurs, il y aurait un « énorme arriéré » dans l’activité de F&A, les projets dans les coulisses de plusieurs entreprises ayant touché leur plus haut niveau à vie.
Bien que la baisse des taux contribuerait certainement à stimuler l’activité de F&A, leur stabilité pourrait suffire à ce que certaines ententes franchissent le pas, sachant qu’un grand nombre de celles-ci avaient été mises en suspens. En effet, le dernier cycle de resserrement où s’est orchestrée une hausse rapide des taux d’intérêt a contribué à mettre de sérieux bâtons dans les roues des F&A et entraîné la mise en suspens de plusieurs d’entre elles.
Comme les conditions s’améliorent, des éléments catalyseurs prennent forme dans notre univers des PME où se trouve un fort potentiel refoulé de F&A. Plusieurs facteurs avantageux participent à la création d’un environnement propice aux ententes : une meilleure prévisibilité quant à l’évolution des taux d’intérêt, des billions de dollars en train de moisir dans les coffres du capital-investissement, la grande dispersion dans la valeur des actions, la motivation des actionnaires, les tendances comme l’électrification et l’IA, le rapatriement de la production de même que le contexte géopolitique hostile.
Par ailleurs, sachant que le mois de novembre a été un mois fort, mené tambour battant par la concrétisation de plusieurs ententes mettant en jeu certaines des plus importantes positions du Fonds alternatif d’arbitrage Pender, on peut voir là un changement de cap favorable pour les F&A. Parmi ces positions de taille, notons Avantax Inc. (NASDAQ : AVTA), Avid Technology Inc. (NASDAQ : AVID), Polymet Mining Corp. (TSX : POM), Hersha Hospitality Trust (NYSE : HT) et Sculptor Capital Management Inc. (NYSE : SCU). Celles-ci faisaient partie des 19 fusions qui ont été conclues ce mois-là. Nous avons récolté le produit de ces fusions et le redéployons activement dans de nouveaux accords de fusion en privilégiant ceux à petite capitalisation de grande qualité qui se négocient à de larges écarts et sont susceptibles de rapporter des rendements fort attrayants. Le Fonds a de plus pris des positions dans 11 nouvelles ententes en novembre.
Contrairement à ce qui se passe sur le marché des obligations, dont les rendements ont été évalués à la baisse en vue de la possible réduction des taux en 2024, les écarts en matière d’arbitrage sont toujours notables, ce qui représente une opportunité tant sur le plan relatif qu’absolu. Le fossé séparant les écarts des ententes de fusion à petite capitalisation et ceux des ententes à très grande capitalisation a rétréci, car plusieurs fusions à grande et très grande capitalisation ont été menées à bien ces derniers mois. Cette évolution instaure un climat avantageux pour notre stratégie axée sur les PME; elle permet aux investisseurs de tirer profit d’écarts plus prononcés tout en évitant les risques plus élevés inhérents aux fusions de plus grande envergure, notamment sur le plan de la durée.
En outre, l’humeur sur les marchés a changé du tout au tout, ce qui a provoqué des remous importants. En effet, les marchés boursiers ont joui d’une reprise importante en novembre et décembre. La Banque du Canada et la Fed ont laissé entendre que les taux avaient probablement atteint leur sommet pour le cycle actuel. Puis, comme les données sur l’inflation semblent suggérer que les taux puissent baisser plus que prévu en 2024, les investisseurs ont repris confiance et ont poussé le marché vers le haut.
Même si les investisseurs abandonnent leurs craintes et que se réveille leur appât du gain, l’évolution des marchés et des taux d’intérêt demeure imprévisible sachant que les cours tiennent déjà compte d’éventuelles réductions de taux et d’attentes élevées. Considérant que la corrélation entre les actions et les obligations risque de s’amplifier, comme ce fut le cas en 2022 quand ces deux catégories d’actifs ont vu leurs valeurs dégringoler en tandem, une stratégie alternative, non corrélée et axée sur des événements, telle que l’arbitrage sur fusion, peut s’avérer un excellent instrument de diversification dans un portefeuille.
L’inflexion positive et généralisée des cours boursiers des PME qui a eu lieu en novembre pourrait être l’élément déclencheur d’une vague de F&A dans cette arène, surtout à la lumière de la sous-performance longue de plusieurs mois et de l’écart de valeur par rapport aux grandes entreprises, lequel a atteint un sommet historique en octobre 2023.
Nous avons déjà mentionné que le contexte est favorable aux F&A parce qu’il y a beaucoup de capital en réserve et que les conseils, les directions et les actionnaires des entreprises cibles sont motivés, encouragés et disposés à recevoir une entente. Un marché imprévisible, des conditions de financement étroites, des taux d’intérêt élevés et un décalage considérable entre le prix offert et le prix demandé sont autant de facteurs déterminants qui ont freiné l’activité des F&A en 2023. À mesure que les conditions s’améliorent, que les craintes quant aux taux d’intérêt se dissipent et que les valeurs sur le marché des actions s’apprécient, il est probable que les acheteurs fassent monter les enchères afin de ne pas passer à côté d’une acquisition fructueuse (tout en faisant une bonne affaire puisque plusieurs petites entreprises se négocient très en dessous de leur valeur intrinsèque).
Les entreprises, les banquiers et les négociateurs que nous suivons et avec lesquels nous discutons estiment que les F&A mises en suspens recèlent un potentiel considérable. Les investisseurs sont donc invités à envisager les moyens à disposition pour tirer avantage de la multiplication des ententes visant les PME en 2024.