En effet, l’un des principaux avantages est le recours à la technologie pour l’ouverture et la gestion du compte. On remplit un questionnaire en ligne sur notre profil et on peut bénéficier de l’un des portefeuilles standards qui en plus se rebalance tout seul, ce qui est généralement un avantage. (2)
Et cela pour des frais de 0.0 5% comparé à du 1% ou 2% pour un service traditionnel. (3)
Un mythe qui demeure toutefois est que la différence de coûts s’explique par le fait que tout ce service repose sur la technologie. Pas surprenant que les utilisateurs qui ont fait leur succès étaient et sont encore souvent des jeunes pour qui la technologie est plus un attrait qu’une difficulté.
Les firmes qui offrent ces services l’ont bien compris : « Vous pouvez ouvrir votre compte… le samedi soir en dégustant un verre de vin » (4)
Ce qu’il importe toutefois de préciser c’est que ces portefeuilles se composent majoritairement de fonds négociés en Bourse (FNB), donc de produits peu coûteux qui calquent un indice et génèrent un rendement similaire. (5)
Ce que ceux qui ont développé ces services ont compris c’est l’évolution dans les mentalités : on a un investisseur qui est autonome, qui veut faire ses affaires quand et comment cela lui convient et surtout qui recherche le moindre prix. Il a compris que la technologie lui donne du choix et de la souplesse et il la maîtrise.
Il importe également de rappeler que ce conseil automatisé se combine à l’accès à un « humain » lorsque le client en ressent le besoin. C’est d’ailleurs un élément important de la réglementation puisqu’un « représentant-conseil » doit intervenir lors de l’ouverture du compte pour valider les objectifs et la tolérance au risque. (6)
Précisons qu’il est difficile d’apprécier le recours à cet « humain » lorsque, par exemple, une firme de conseil automatisé compte 9 « personnes inscrites » pour 80,000 clients. (7)
Là pour rester
La révolution apportée par le conseil automatisé se comprend mieux maintenant et se vit moins en termes d’opposition au service traditionnel.
Cela donne raison aux conseillers qui le voient comme un outil et une offre de services élargie pour leur clientèle.
Une telle approche permet de combiner le recours à un outil simple et à frais réduits pour un portefeuille simple ou pour une partie d’un portefeuille plus complexe. Le conseiller peut maximiser sa valeur ajoutée pour le client par ses interactions avec lui en fonction de l’évolution de sa situation et de celle de ses besoins pour, par exemple, planifier un projet, fonder une famille ou préparer sa retraite.
Le conseiller « humain » a une offre globale qui va bien au-delà de l’automatisation de certaines tâches ou de l’usage d’algorithmes. Le conseiller automatisé par exemple n’offre pas de services de planification financière ou alors il faut avoir un compte de 100,000$ (8)
Il ne faut pas oublier non plus que c’est par ses interactions avec son client que le conseiller peut l’aider à faire face à des difficultés qui lui demandent de revoir ses objectifs ou pour le soutenir lorsque les marchés sont plus volatils.
Un élément mis en évidence dans la publicité de firmes de « conseillers robots » est que cette offre de service est une meilleure protection contre l’effet « panique » que peuvent créer des marchés difficiles ou baissiers. En sorte que l’on peut ainsi sortir l’émotion de l’investissement. (9)
L’année 2018 a été une année difficile et il est encore tôt pour apprécier le comportement des marchés en 2019. Lors de la crise de 2008, les conseillers robots n’étaient pas aussi présents dans la gestion des avoirs des investisseurs. La prochaine crise financière pourrait bien être un test pour tous, mais aussi pour eux.
En effet, c’est quand les marchés sont moins bons que l’inquiétude se manifeste le plus : il n’est pas facile de voir baisser la valeur de son portefeuille et de rester stoïque en se disant que cela finira bien par remonter un jour.
Sur ce point, on ne dispose pas vraiment de comparable. S’il est possible d’ouvrir un compte le samedi soir, il est tout aussi possible de le fermer! Et aussi vite! Avec ce qui peut en découler en termes de pertes ou de fiscalité.
Les limites de la technologie
L’aisance technologique ne donne pas de connaissances en placement et ne supprime pas les émotions ou les réactions aux évènements. Elle ne donne pas non plus la discipline qui va souvent de pair avec la gestion des finances personnelles.
Il est certes utile et avantageux de profiter d’une offre de services à meilleur prix, mais la vigilance demeure quant à savoir si ce qu’on achète on le comprend et si cela répond à nos besoins en dépit des changements dans nos manières de fonctionner. (10)
(1) CSF, Le magazine des professionnels en finances personnelles, Décembre 2018, p. 24
(2) Yan Barcelo, L’art exigeant de rééquilibrer un portefeuille, Finance et Investissement, Décembre 2018, p. 17
(3) Robot vs. human: When you should invest with robo advisors :
https://globalnews.ca/news/4347158/robo-advisor-investing/
(4) Idem (3) Video, Tea Nicola, CEO, Wealth bar
(5) Guillaume Poulin-Goyer, FNB: attention aux extrapolations, Les affaires, 12 janvier 2019
(6) Idem (1) et (3)
(7) Idem (3)
(8) Idem (3)
(9) Idem (3)
(10) Stephanie Grammond, Je l’ai traité de voleur, La Presse +, 2 décembre 2018