Quatre jeunes conseillers partagent leurs meilleures astuces pour relever le défi.
Établissez votre plan
Avez-vous déjà essayé de réaliser un casse-tête en ne connaissant pas l’image à reproduire ?
C’est réalisable, mais le temps nécessaire à sa réalisation sera beaucoup plus long, en plus de rendre la tâche plus complexe. La réalisation d’un plan d’affaires permet de gagner du temps, car on sait où on veut s’en aller dès le départ.
Geneviève Lavigueur, conseillère en assurance et rentes collectives chez Lafond, a commencé sa carrière de conseillère en faisant appel à un coach. Elle a rapidement réalisé son plan d’affaires avec lui, ce qui lui a permis de se fixer des objectifs « autres que dans sa tête ». D’ailleurs, même après 4 ans d’expérience, Geneviève avoue consulter son coach encore régulièrement. Pour elle, se faire guider et conseiller par un professionnel a été un point tournant qui a nourrit son succès rapide dans le domaine.
Réaliser un plan d’affaires peut aussi aider le jeune entrepreneur à rester concentré sur ce qui est le plus important, sans perdre de temps à faire des tâches ne permettant pas l’atteinte des objectifs fixés. Pour sa part, Gabriel Samson, représentant en épargne collective chez Investia, recommande de réaliser un plan d’affaires le plus rapidement possible afin de garder le cap. « Au début, tout le monde veut nous rencontrer. Tu peux perdre des semaines avec des représentants de compagnies sans rencontrer de clients si tu dis oui à toutes les demandes ! », s’exclame-t-il.
Il avoue avoir eu de la difficulté à dire non à ses débuts et recommande à un jeune entrepreneur d’essayer de faire cet apprentissage rapidement pour maximiser le temps passé à rencontrer des clients.
Commencez par la structure
Avant d’entrer dans la partie plus centrale du casse-tête où les dessins et les couleurs figurent, il est idéal de commencer par assembler le contour. En établissant la structure d’abord, il est plus simple de déterminer quelles seront les prochaines pièces à apposer.
Samuel Martin, planificateur financier rattaché à MICA Capital, recommande de commencer par se structurer. Selon lui, se doter d’un bon CRM est idéal dès le début, et ce, malgré les coûts que cela implique. « Il faut commencer de la bonne façon, en étant bien organisé. Ce n’est plus le moment de se structurer quand le travail porte fruit et qu’on a plus de temps pour faire la base ! », affirme-t-il.
D’ailleurs, Gabriel Samson partage cet avis. À ses débuts en tant que conseiller indépendant, il a vite remarqué que ses clients avaient un besoin d’éducation financière. Il s’est donc bâti plusieurs modèles de présentations qu’il a pu utiliser pour guider ses rencontres avec ses clients, selon le niveau de connaissances que ceux-ci avaient. Il avait ainsi conçu plusieurs types de présentations lui permettant d’expliquer des concepts différents très facilement.
Il recommande de commencer par la base puis, au fur et à mesure qu’on reçoit des questionnements des clients, bonifier ses présentations pour les rendre de plus en plus complètes. « Nos premières rencontres deviennent un peu comme des pièces de théâtre », ajoute-t-il. Cela permet de diminuer la pression face à la rencontre de nouveaux clients, en plus d’éviter d’oublier certains points importants à partager, comme l’explication de la rémunération et les aspects de conformité, que l’on pourrait oublier de partager à nos débuts.
Pour sa part, Geneviève Lavigueur avoue que la planification de son horaire est au cœur de sa réussite. Mère de deux enfants, elle est entrée dans le domaine en ayant comme objectif de conserver un équilibre de vie saine. Elle recommande donc à tous d’avoir une gestion de temps très stricte.
À titre d’exemple, certains blocs sont fermés dans l’agenda de la conseillère toutes les semaines afin de passer du temps de qualité avec sa famille et de continuer de participer à ses activités sportives. « Ça me permet d’être une meilleure personne et une meilleure conseillère », avoue-t-elle. Ces périodes précieuses pour son bonheur et lui permettent d’être à 100% dévouée quand vient le temps de travailler.
Testez différentes méthodes
Les premières années sont propices à l’essai et, par le fait même, à l’erreur ! C’est en essayant plusieurs approches que l’on finit par tomber sur « la bonne méthode » nous permettant d’avancer dans un casse-tête de moins en moins compliqué.
Rémi Tremblay, conseiller en sécurité financière chez Tremblay services financiers, avoue avoir essayé de faire de la publicité, du porte-à-porte, des achats de clientèles, mais pour lui, c’est la prospection personnelle qui a le plus fonctionné. Il s’est vu jumeler sa passion pour le sport à son développement de carrière. Dans les événements sportifs auquel il assistait naturellement, sa curiosité l’amenait à avoir de bonnes conversations, menant à des opportunités d’affaires.
« Je m’intéresse aux gens, je parle le moins possible de moi ou de ce que je fais. Je pose beaucoup de questions et de cette façon, je vois rapidement si des opportunités pourraient être saisies et si ça clique avec cette personne », dit-il. Selon lui, l’idéal, c’est de trouver une façon de développer qui nous est naturelle. « Il faut faire de la prospection de la manière qui nous semble confortable. Si tu ne te sens pas à l’aise, ça se ressentira et ça ne fonctionnera pas aussi bien », partage-t-il.
Pour sa part, Samuel Martin a une approche dirigée vers l’éducation de ses clients avant tout. « Lors de la première rencontre, je ne parle pas de produits ni de rendements, je me concentre sur l’éducation. De cette façon, lors de mes rencontres subséquentes avec ces clients, ils comprennent davantage ce dont je parle ».
D’ailleurs, il dit qu’une des meilleures façons d’approcher les clients est de ne pas penser à la vente : « sinon, le client le ressent ! ». Il avoue passer plusieurs heures en première rencontre afin de faire le tour complet de leur situation et apprendre à les connaître de façon plus profonde que seulement par leurs objectifs financiers.
Bien qu’il ne travaillait pas nécessairement de cette façon lors de son entrée en carrière, avec le temps et l’expérience, il dit avoir trouvé une façon de travailler qui lui est authentique. Depuis, il a vu une énorme différence dans ses résultats. Selon lui, cet investissement de temps lui rapporte beaucoup, car il remarque que ces clients seront plus ouverts à écouter ses recommandations et moins enclins à vouloir changer de conseiller par la suite. De plus, prendre le temps d’écouter et d’éduquer ses clients a très souvent mené à des remerciements de leur part.
« Au bout de la ligne, de bons produits, tout le monde peut en vendre », avoue-t-il. Selon lui, d’expliquer les fondements derrière des stratégies permet aux clients de ne pas acheter le produit pour le prix ou le rendement, mais bien pour ce que la solution leur apporte comme bénéfices.
Ayant lui aussi une approche axée vers l’éducation de ses clients, Gabriel Samson a démarré en expliquant des concepts liés à l’investissement et à l’assurance. Cependant, il s’est très rapidement rendu compte qu’il avait une préférence pour le secteur de l’investissement. « Mes clients me disaient que j’avais des étoiles dans les yeux en leur parlant d’investissement », dit Gabriel.
Lorsqu’il devait présenter des concepts liés à l’assurance, il sentait que sa passion n’était pas aussi prononcée. Avec l’expérience, on apprend donc à se connaître en tant que conseiller et ça nous permet de nous concentrer sur nos centres d’intérêt et nos forces.
Agencez une pièce à la fois
Le fait que Gabriel Samson se concentre sur l’investissement lui a permis de se spécialiser dans ce domaine plus rapidement. Selon lui, « c’est mieux de commencer par une discipline et de venir greffer des cordes à notre arc au fur et à mesure », recommande-t-il.
En effet, lorsqu’on commence, il peut être tentant de mettre les bouchées doubles en pensant obtenir des résultats plus rapidement. Cependant, la grande majorité du temps, il vaut mieux d’être patient et réaliser chaque étape en son temps.
À titre d’exemple, Rémi Tremblay nous partage que ce ne sont pas tous les contacts qu’il avait dans son entourage qui ont menés à des opportunités rapidement. Il donne l’exemple de personnes avec qui la relation s’est développée pendant 2 ans avant qu’il leur offre ses services : « Il faut être un peu comme un serpent qui analyse sa proie », dit-il en ricanant. Blague à part, il recommande d’attendre le bon moment avant de parler affaires.
De plus, il conseille de commencer par apprendre à connaître la personne sur un niveau personnel avant de se lancer dans une relation d’affaires. Dans ses événements de réseautage, s’il rencontrait quelqu’un avec qui « ça coulait » moins, il ne prenait pas les devants pour le prospecter au niveau professionnel, un avis que Samuel Martin partage fortement.
Un des plus grands conseils qu’il offre est d’ailleurs « d’être authentique et de dire non aux clients s’il n’y a pas de connexion. Si dès le début, tu as un mauvais pressentiment, il y a de bonnes chances qu’au bout de la ligne, ça ne fonctionne pas avec ce client de toute façon ».
Entourez-vous d’alliés
Imaginez réaliser votre casse-tête avec une personne étant déjà très avancé dans le sien et pouvant vous transmettre ses trucs ? Sinon, avec une personne qui vous complète et qui placera des pièces différentes de celles que vous privilégiez ? C’est la même chose lors de notre entrée en carrière, s’entourer de bonnes personnes peut s’avérer une stratégie gagnante. Si vous aimez travailler en équipe, soyez certains d’établir une bonne communication dès le départ avec vos partenaires d’affaires. « La communication est la chose la plus importante quand on travaille avec quelqu’un », affirme Rémi Tremblay.
Dans l’organisation de ses événements sportifs, Rémi a beaucoup collaboré avec son frère, ce qu’il considère comme ayant été très bénéfique. Il fait aussi part qu’avoir un bon réseau d’affaires l’aide beaucoup, et ce, encore aujourd’hui : « Une fois que tu bâtis ton réseau, tu te mets à avoir des personnes qui te réfèrent. Ça permet de prospecter différemment, en ne cherchant pas nécessairement de nouveaux clients, mais bien de gens pouvant te référer », affirme-t-il.
D’ailleurs, il recommande de garder une bonne proximité avec ces personnes qui vous réfèrent, surtout s’ils travaillent dans des domaines connexes, comme le droit, la comptabilité, l’actuariat…
Pour Geneviève Lavigueur, son plus grand allié a été son conjoint. « Il comprend ma réalité, il me comprend quand je dois faire des sacrifices parfois, ce qui me donne des ailes », dit-elle. Par un partage des tâches équitable à la maison, ils gagnent tous les deux un temps précieux et réussissent à réaliser tout ce qu’il y a à faire.
Étant très proche de sa famille, Geneviève ne délaisse pas pour autant ses relations professionnelles. Par ses qualités interpersonnelles, elle a très souvent obtenu de belles opportunités en prenant simplement le téléphone et en discutant à son réseau de connaissances. « J’ai été proactive et je n’ai pas eu peur de parler aux gens et de demander de l’aide quand j’en avais besoin », dit-elle. Ce qu’elle considère comme ayant été parmi les ingrédients de sa réussite.
Après avoir acquis quelques années d’expérience en travaillant comme conseiller dans le domaine bancaire, Gabriel Samson s’est joint au cabinet de sa mère, avec qui il a pu observer de nombreuses rencontres clients. « Plus je prenais d’expérience, plus ma mère me laissait prendre le lead dans les conversations avec ses clients. Suite aux rencontres, elle m’orientait vers les points à améliorer », raconte Gabriel.
Ce transfert de connaissances lui a non seulement permis d’apprendre rapidement, mais aussi de se rapprocher de sa mère. « On était toujours ensemble, j’ai appris à la connaître sur un tout autre angle » dit-il avec reconnaissance.
Wikipédia définit le casse-tête comme étant « un jeu qui se joue seul ou à plusieurs ». Comme chacun des conseils ci-dessus l’a démontré, la meilleure stratégie pour vous sera celle qui vous ressemblera le plus et vous permettra d’exercer dans vos forces et vos passions.