Cet engouement s’explique par la possibilité de s’exposer à la performance des marchés financiers tout en étant sujet à une protection du capital investi en cas de marché adverse. Cela signifie que dans les pires scénarios, les investisseurs seraient aptes à récupérer leur investissement initial.
Il est important de noter que la garantie de capital et la structure de rendement spécifié sont valides seulement à échéance, soit au bout de trois à sept années en général. Il existe cependant des contrats dont l’échéance varie de 1 à 10 ans avec rendement moyen situé entre celui d’un titre à revenu fixe et une exposition directe au marché.
Cette performance et garantie sur le capital investi du billet à capital protégé s’expliquent par la stratégie de couverture de l’émetteur qui réplique un dépôt à capital garanti. La stratégie implémentée correspond à la structure du BCP. Elle équivaut à une position de long terme dans un titre à revenu fixe qui n’offre pas de coupons et une position sur indice de marché ou un panier d’actifs afin de profiter des rendements accrus du marché boursier.
Le choix de renoncer aux coupons du titre à revenu fixe permet à l’émetteur d’investir dans une stratégie d’options dans l’optique de couvrir l’exposition au marché et donc, de garantir le capital. Le hedging permet à l’émetteur de respecter son engagement contractuel envers les investisseurs, qui eux, détiennent une position à travers laquelle ils peuvent profiter de la croissance du marché tout en ayant leurs investissements initiaux protégés.
Néanmoins, malgré l’ingéniosité sur laquelle repose ce billet, le passé nous a montré les limites dudit produit, lors de la débâcle financière de 2008. À ce moment, le défaut de certains émetteurs a mis à risque le capital investi. Cependant, le sauvetage des banques mitigea les retombées de la crise sur les BCP. Cet évènement peu commun a mis en évidence le risque de contrepartie issue du défaut des émetteurs et discrédita le BCP.
Par opposition, l’instabilité récemment observée sur les marchés financiers à la suite de la pandémie de COVID-19 a eu l’effet inverse en remettant au gout du jour le billet à capital protégé. C’est ce que nous explique Vincent Marquis, directeur général de Banque Nationale Groupe Solutions structurées. Celui-ci stipule que la situation observée découle de l’état actuel des marchés, mais aussi de l’innovation dans l’industrie financière.
Notre interlocuteur effectue une lecture habile de la situation économique actuelle et nous explique l’enthousiasme des investisseurs envers ce produit. Il souligne que ce changement de préférence provient d’une attitude rationnelle des investisseurs en temps d’incertitude. En effet ces derniers dans ladite situation préfèrent se tourner vers un investissement dans lequel ils sont exemptés de pertes tout en ayant la possibilité de profiter des rebonds de marché.
En outre, Vincent Marquis nous fait remarquer que ce changement de tendance s’explique aussi par les faibles taux d’intérêt proposés par les titres à revenus fixes classiques tels les certificats de placement garanti (CPG). En effet, les faibles taux d’intérêt actuels viennent amoindrir le coût d’opportunité issue des taux d’intérêt faibles voir absents auquel le BCP est sujet. Par conséquent, notre interlocuteur souligne que le plus important pour les investisseurs dans la situation courante est la capacité de s’exposer au potentiel de croissance du marché tout en étant exemptée de pertes.
Notre expert de la finance structuré explique également le regain de confiance dans le billet à capital protégé par l’innovation de l’industrie financière. Pour cela, il nous présente la dernière évolution du billet à capital protégé issu du darwinisme financier. Communément appelé CPG Flex (flexible) à la Nationale. Il s’agit d’un billet à capital protégé à taux variables qui, comme ses prédécesseurs, assure le capital des investisseurs tout en étant couplé à une exposition aux mouvements de marché favorable.
Le plus de ce billet qui résulte d’une hybridation du CPG et du billet à capital protégé standard est de pouvoir se prémunir de la majorité des risques qui furent associés à ce produit lors de la débâcle financière de 2008. Cela permet maintenant de mitiger le risque associé au défaut de paiement en cas de faillite des institutions émettrices.
Vincent Marquis nous explique que l’hybridation de ces deux produits financiers permet de pallier le risque de contrepartie associé à ce véhicule d’investissement. En effet, le CPG Flex a hérité de l’éligibilité du CPG à l’assurance placement de la SADC, ce qui mitige considérablement le risque de défaut auquel les billets à capital protégé étaient sujets auparavant. Il est important de noter que la couverture de la SADC est sujette à une limite applicable et implique que la couverture du risque de défaut est partielle.
Dans cette même optique, notre interlocuteur met en évidence l’une des caractéristiques phare des nouveaux billets à capital protégé offert par la Financière Banque Nationale. Il s’agit d’une clause de rachat des notes par l’émetteur. Cette clause permet aux investisseurs de revendre le BCP à l’émetteur, ce qui accroit la liquidité de ce billet et palie tout risque de liquidité.
De plus, cette singularité du CPG Flex permet de profiter des rebonds de marché opportun avant l’échéance du contrat. Cependant, le rachat prématuré du billet rend inéligible à la garantie du capital investi initialement. Rappelons-le, la garantie n’est valide qu’à l’échéance du contrat.
Additionnelement, Le CPG flexible donne aussi la possibilité de recevoir des paiements d’intérêts garantis à une fréquence annuelle comme tout CPG classique. Cependant, cette possibilité de paiement récurrent réduit l’exposition au gain du marché. C’est-à-dire que dans le cas d’une bonne performance de marché, le rendement associé à ce dernier sera escompté dans une certaine mesure. Les paiements d’intérêts garantis à fréquence annuelle permettent cependant aux investisseurs de minimiser le coût d’opportunité associé à ces notes lorsqu’elles promettent uniquement un rendement à échéance.
Les caractéristiques des nouveaux billets à capital protégé rendent ce véhicule d’investissement adéquat pour tout investisseur. Cela s’explique par la faible exposition aux risques et le potentiel de croissance élevé de ce dernier. De plus, il est intéressant de noter que la possibilité d’investir à long terme grâce aux billets à capital protégé rend cet actif attrayant pour les investisseurs qui veulent garantir leurs retraites.
Le directeur général de Banque Nationale Solutions Structurées nous fait d’ailleurs remarquer qu’il est possible pour les investisseurs d’échelonner l’échéance de ces notes dans leur portefeuille. L’échelonnement d’échéance est fait de manière à recevoir les flux monétaires dus de manière récurrente aux termes des différents contrats dans l’optique de pallier les besoins de liquidité une fois le moment opportun arrivé. Il est important de considérer qu’une telle stratégie est adaptée aux investisseurs qui se rapprochent de la retraite et qui, bien souvent, ont des besoins de liquidité au début de leurs nouvelles vies.
Les nouveaux billets à capital protégé, dont le CPG Flex, semblent pallier l’ensemble des risques auxquelles les billets classiques exposaient les investisseurs. Ce nouveau type de billets protégé semble relever de l’utopie en combinant le meilleur des CPG et BCP. Cependant, comme le rappelle Vincent Marquis, il est important de mettre en garde les investisseurs de certains désagréments liés à la nature du billet.
En effet, toute personne qui souhaiterait investir dans ledit produit doit être consciente de l’horizon de placement de moyen à long terme de ce véhicule d’investissement. Ce qui signifie que ce billet est généralement inadapté aux investisseurs qui ont des objectifs de court terme. Dans cette ligne de mire, il est important de rappeler aux investisseurs que la liquidité journalière assurée par la clause de rachat de l’émetteur ne permet pas de toucher la garantie qui n’est valide qu’à échéance comme le stipule le contrat.
L’évolution du BCP met en évidence l’effort fourni par l’industrie financière dans le but de mitiger les risques auxquels font face les investisseurs lors de l’acquisition de ce véhicule d’investissement hybride. En effet, les ingénieurs financiers ont réussi à structurer un produit apte à couvrir le risque de défaut jusqu’aux limites de couverture de la SADC.
Ledit produit mitige additionnellement le risque de liquidité auquel étaient associés les billets classiques. De plus, ce nouveau billet garde la caractéristique la plus importante des billets précédents qui est de restituer le capital investi dans les pires scénarios économiques, ce qui signifie que les investisseurs ne sont aucunement sujets aux pertes à l’échéance. Néanmoins, il faut souligner que dans le cas où les marchés performeraient mal et que les investisseurs recevraient uniquement le capital garanti ; le capital garanti restitué est alors déprécié de l’inflation réalisée pendant la durée du placement.