On a notamment parlé :
- de la relation entre la santé financière et l’espérance de vie;
- du risque de survie;
- de l’espérance de vie vs la durée raisonnable de décaissement à la retraite;
- de celle qui fut un temps la doyenne de l’humanité, Jeanne Calment.
Mais au-delà de l’espérance de vie, plusieurs particuliers se questionnent aujourd’hui sur leur propre espérance de vie… mais en bonne santé.
Espérance de vie en bonne santé
L’espérance de vie en bonne santé (EVBS) représente le nombre moyen d’années de bonne santé qu’un particulier peut espérer avoir dans le futur. Il s’agit donc d’un sous-ensemble de l’espérance de vie. Dans la littérature on utilisera aussi parfois l’espérance de vie sans incapacité (EVSI) quoiqu’il y ait des nuances. Les anglophones utilisent l’expression Healthy Life Years (HLY) ou encore Health-adjusted life expectancy (HALE). On notera que Statistique Canada utilise l’expression : Espérance de vie ajustée sur la santé (EVAS).
Données canadiennes
Depuis au moins 1994, Statistique Canada publie aux 4 ans une étude comparative entre l’espérance de vie et l’espérance de vie ajustée sur la santé. La différence entre ces deux statistiques découle d’une mesure de huit attributs de l’état de santé : la vision, l’ouïe, la parole, la mobilité, la dextérité, l’émotion, la cognition et la douleur. Le commentaire suivant est tiré directement de l’étude précitée :
« Les niveaux d’attribut d’un répondant (allant d’une incapacité normale à une incapacité grave) sont totalisés par une fonction de score pondérée pour obtenir une valeur unique représentant l’état de santé général. Cette valeur peut aller de -0,36 (état pire que la mort, 0 représentant la mort) à 1,00 (meilleur état de santé possible). »
(NDLR : le souligné est de l’auteur de cette chronique)
Ce n’est pas tant la mécanique qu’il est intéressant de souligner ici mais plutôt comme il est frappant de constater qu’on peut, selon cette étude, avoir des situations « pires que la mort »! Bref, on tente de mesurer, en utilisant ces huit attributs, combien de « belles années » il reste à vivre, en moyenne, par rapport à son espérance de vie.
Les données du tableau suivant sont tirées de la plus récente étude (données de 2015 publiées en 2018) de Statistique Canada :
Que tirer de ces données?
On pourrait discuter longtemps des critères utilisés ou du poids relatif accordé à ceux-ci pour arriver à ces données. Il semble toutefois plus pertinent de s’arrêter au poids relatif de la différence entre ces données, surtout celles à l’âge atteint de 65 ans. Si un homme de 65 ans peut s’attendre à vivre en moyenne 19,2 années, 25% de celles-ci seront vécues, en moyenne, en moins bonne santé. Si une femme de 65 ans peut s’attendre à vivre en moyenne 22,0 années, plus de 30 % de celles-ci seront vécues, en moyenne, en moins bonne santé.
De telles données pourraient assurément alimenter des discussions avec nos clients tant sur les besoins financiers (pour ces années en mauvaises santé) que sur le décaissement des actifs durant la retraite.
En conclusion
Le concept d’espérance de vie en santé et, à contrario, le concept d’espérance de vie en mauvaise santé sont assurément difficiles à quantifier, ils devraient quand même faire l’objet de discussion avec nos clients.
Martin Dupras, a.s.a., Pl.Fin., M.Fisc, ASC
ConFor financiers inc.
Août 2020