Devant une telle décision, de très nombreux éléments devraient être considérés (âge, tolérance au risque, cotisation au RQAP, cotisation potentielle au REER, etc.). Un élément devrait assurément faire partie de l’analyse : le Régime de rentes du Québec (RRQ).
Cotisation au RRQ : une dépense ou une épargne forcée?
Pour la plupart des travailleurs québécois, le fait de cotiser ou non au RRQ n’est pas une décision qu’ils auront le loisir de prendre. En effet, pour le salarié, la cotisation au RRQ est obligatoire. Toutefois, le particulier incorporé aura ce choix indirectement en décidant de se verser un salaire ou des dividendes.
L’analyse salaire vs. dividende, si elle est effectuée en vase clos d’une seule année, va fréquemment privilégier le versement de dividende. Cette conclusion n’est pas étonnante puisque pour un salaire versé dépassant le Maximum des gains admissibles (MGA, 55 900 $ en 2018), une cotisation totale (employé et employeur) de 5 659,20 $ devra être versée au RRQ. Dans une analyse sur une seule année, c’est autant d’argent qui sort du modèle en cas de versement de salaire, le dividende versé n’étant pas sujet à l’obligation de cotiser au RRQ.
Or, sauf exception, le versement de cotisations au RRQ implique une augmentation de la prestation éventuellement versée par ce régime, il s’agit donc habituellement plus d’une épargne forcée que d’une dépense. La principale exception à cette règle est la situation, sommes toutes pas très fréquente, où les cotisations passées du particulier au RRQ sont telles (en argent et en durée) que la rente de retraite maximale est déjà payable.
Calculer la valeur de cette cotisation
Pour compléter une analyse salaire/dividende, il faudra donc, d’un côté, établir les cotisations à verser au RRQ mais établir également la valeur qui découle de ces cotisations supplémentaires. L’Institut québécois de planification financière (IQPF) propose un calculateur qui estime cette valeur. Ce calculateur est disponible au http://www.solutioniqpf.org/#kronos sous le titre « Outils financiers ». Accédez à l’un des calculateurs, par exemple « Calculateur FRV », un menu apparaitra à gauche, le dernier calculateur « Simulateur de valeur du RRQ » est celui décrit ci-avant.
À partir des données figurant au relevé de participation du RRQ, l’estimation est effectuée en supposant que pour chaque année subséquente où des cotisations seront versées au RRQ, le rapport entre les gains admissibles (revenus de travail sujets à cotisation) et le maximum des gains admissibles (MGA) restera le même qu’au cours des dernières années. Selon l’âge du particulier, son espérance de vie, son âge de retraite visé et une hypothèse de rendement, le calculateur estimera la valeur découlant de cette seule année supplémentaire de cotisations au RRQ. Cette valeur pourra ensuite être comparée aux cotisations à verser.
Enfin, cet outil estime également la valeur actuelle de la rente de retraite du RRQ acquise. Cette donnée sera surtout utile afin d’illustrer la valeur des paiements de rente du RRQ à recevoir pendant la retraite aux fins de préparation d’un bilan. Notons toutefois que cette estimation ne devrait pas être utilisée dans un autre contexte (par exemple dans une évaluation de patrimoine familial).
En conclusion
Sauf exception, le RRQ constitue réellement une épargne et non une dépense. Il reste à évaluer, cas par cas, pour les particuliers qui ont le loisir d’y cotiser ou non, la pertinence de cette épargne.
Martin Dupras, a.s.a., Pl.Fin., M.Fisc, ASC
ConFor financiers inc.
Août 2018