Évolution de l’espérance de vie
L’espérance de vie est une donnée statistique qui corresponds essentiellement à un moment futur auquel 50% des membres d’un groupe homogène (âge atteint, sexe) seront décédés. Par exemple, si on estime que l’espérance de vie d’un homme de 65 ans est de 20 ans, cela signifierait que sur un groupe de 1000 homme de 65 ans observés aujourd’hui, 50%, donc 500, devraient êtres décédés à 85 ans.
Si l’on planifiait la retraite d’un enfant naissant, on utiliserait l’espérance de vie à la naissance. Un tel exercice, assez théorique, aurait probablement peu de valeur, voila pourquoi on analysera plutôt ici l’espérance de vie du particulier qui a déjà atteint l’âge de 65 ans.
L’institut canadien des actuaires (ICA), l’organisme notamment chargé d’établir les Normes d’évaluation des régimes de retraite, publiait en février 2014 une nouvelle table de mortalité. Cette nouvelle table, la table CPM2014*, apporte deux éléments intéressants : d’une part des données spécifiquement canadiennes, d’autre part, une distinction selon le secteur d’activité du retraité (secteur public ou privé). Le graphique suivant présente l’évolution, depuis les années 80, des tables de mortalité utilisées pour l’évaluation des régimes de retraite.
On remarque, sur ce graphique, une nette amélioration de l’espérance de vie des particuliers âgés de 65 ans au cours des 30 dernières années. Étonnamment, on remarque toutefois que cette amélioration de l’espérance de vie est moins marquée pour les femmes que pour les hommes. Autrement dit, l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes tend à diminuer. De 4,1 années qu’il était dans les années 1980, cet écart serait plutôt de 1,4 année à 1,8 année de nos jours selon le secteur d’activité (secteur privé ou public).
On remarque également, qu’un écart statistique a été observé entre les retraités des secteurs privé et public canadiens.
Impact de cette évolution
Ce qui constitue évidemment de prime abord une bonne nouvelle, l’augmentation de l’espérance de vie, implique toutefois des défis importants tant pour les particuliers que pour les régimes de retraite à prestations déterminées (PD). Pour les particuliers, un effort d’épargne supplémentaire sera nécessaire pour financer le même revenu de retraite, pour les régimes PD, toutes choses étant égales par ailleurs, le passif actuariel augmentera. On le voit déjà pour les évaluations actuarielles sous base de capitalisation**.
On remarquera finalement que ces nouvelles tables de mortalité n’influenceront pas, pour le moment, les évaluations actuarielles sous base de solvabilité***, soient celles qui causent soucis actuellement, ou les valeurs de transfert en cas de cessation d’emploi tant que l’Institut canadien des actuaires ne modifiera pas ses normes de pratiques.
L’amélioration de l’espérance de vie constitue évidemment une bonne nouvelle mais cette amélioration constitue un défi supplémentaire tant pour les particuliers que pour les régimes de retraite.
* Canadian Pensioners’ Mortality 2014
** L’évaluation actuarielle sous base de capitalisation suppose une continuation du régime de retraite
*** L’évaluation actuarielle sous base de solvabilité suppose une terminaison du régime de retraite
Photo Bloomberg