Chaque fois qu’une nouvelle idée d’investissement ou qu’un nouveau fonds négocié en Bourse (FNB) devient disponible, ma réaction est toujours d’attendre et de voir comment les choses se passent avant d’investir.
Au fil des ans, j’ai vu de nombreux fonds communs de placement et FNB fusionner avec d’autres produits en raison du manque d’intérêt des investisseurs. J’ai également vu de nombreuses petites sociétés rachetées par de plus grandes entreprises après avoir lancé une série d’investissements qui n’ont pas réussi à attirer suffisamment d’actifs pour rester viables.
Bien que ces situations puissent laisser les détenteurs de parts perplexes et les conseillers dans l’embarras pour vendre ou expliquer les changements à leurs clients, il n’y a pas nécessairement de perte d’argent. En outre, la réalité de l’investissement signifie que tout produit peut s’avérer être un mauvais investissement, quelle que soit la taille de l’émetteur.
Nous savons maintenant que les 11 FNB d’Emerge Canada ont fait l’objet d’une ordonnance d’interdiction d’opérations sur valeurs (IOV) sans précédent parce qu’ils n’ont pas respecté un délai réglementaire concernant la publication de rapports sur leurs fonds. Cela signifie que, bien qu’Emerge continue de gérer activement les stratégies des FNB, il ne peut y avoir aucune transaction, création de parts ou rachat jusqu’à ce que les autorités de réglementation lèvent l’interdiction d’opérations.
J’ai trouvé encourageant que la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario ait pris des sanctions en réponse à une situation qui était devenue non conforme. Bien que nécessaire, cette mesure était très inhabituelle.
Cette situation met en évidence la nécessité d’exercer une diligence raisonnable à la fois sur le titre lui-même et sur son émetteur.
La croissance exponentielle des FNB au cours de la dernière décennie a conduit à la création d’un nombre incalculable de nouveaux produits, dont plusieurs ne passent pas l’épreuve du temps. J’ai souligné les conséquences de cette situation dans mon récent article sur l’investissement thématique.
J’ai écrit : « Comme pour tous les investissements dans les FNB, les investisseurs doivent jeter un coup d’œil sous le capot pour s’assurer qu’ils comprennent ce qu’ils achètent. Les détracteurs de ces FNB affirment qu’ils arrivent sur le marché juste au moment où la tendance sous-jacente est en train d’atteindre un sommet et qu’ils affichent généralement des rendements négatifs après leur lancement ».
Certains experts estiment qu’un nouvel FNB a besoin d’environ 100 millions de dollars d’actifs sous gestion (ASG) pour rester viable. À l’heure actuelle, environ un quart des fournisseurs de FNB au Canada n’atteignent pas ce seuil d’actifs sous gestion, selon les données de la Banque Nationale Marchés financiers.
La viabilité de l’émetteur de FNB est également importante à prendre en compte. Les manufacturiers établis peuvent avoir de meilleures chances de maintenir un marché pour les nouveaux investissements qu’ils mettent sur le marché et de fournir un meilleur soutien concernant l’utilisation des produits (par exemple, les critères de gestion du risque global du portefeuille) et l’information fiscale.
BMO a créé une liste de contrôle utile pour les conseillers, qui présente les questions clés et les éléments à prendre en compte lors du choix d’un fournisseur de FNB. Voici quelques questions pertinentes dans le cas des petits émetteurs :
– Quel est l’ASG total de l’entreprise et l’ASG total des FNB ?
– Quelle est l’expérience de la société en matière de gestion et de lancement de FNB ?
– La société fournit-elle une assistance locale et une formation continue ?
– Le fournisseur est-il un leader du secteur ? Quels FNB la gamme de produits comprend-elle : marché large, bêta intelligent, revenu fixe, solutions innovantes ?
– Quand le fournisseur publie-t-il les paramètres fiscaux ? Distributions mensuelles et de fin d’année ?
Leçons à tirer pour l’avenir
Il peut être tentant de se lancer tôt dans un investissement, car cela peut s’accompagner de l’attrait de meilleurs rendements à terme et de la satisfaction de pouvoir dire que l’on a identifié une tendance ou une occasion en premier.
Or, cette décision peut s’avérer coûteuse si elle coïncide avec le fait de ne pas avoir rempli toutes les conditions de diligence raisonnable de notre liste. En tant que fiduciaires du patrimoine de nos clients, nous devons être en mesure d’expliquer comment et pourquoi nous choisissons nos investissements et, le cas échéant, pourquoi une décision d’investissement n’a pas porté ses fruits au fil du temps. Les problèmes d’un émetteur peuvent être complexes et difficiles à expliquer, car ils peuvent ne pas être liés aux rendements du marché et à l’environnement économique.
Je ne pense pas que la situation d’Emerge pénalisera le secteur des FNB dans son ensemble à l’avenir. Je ne pense pas non plus que la situation va forcer la création de produits entre les mains des plus grands fournisseurs. Je considère qu’il s’agit d’un événement ponctuel qui n’a pas grand-chose à voir avec la taille des FNB d’Emerge. Mais c’est une mise en garde pour les conseillers.
Comme je le dis à mon équipe : nous ne pouvons pas contrôler les marchés, alors faisons de notre mieux pour contrôler ce que nous pouvons, comme faire nos devoirs sur les investissements que nous choisissons, regarder sous le capot et effectuer notre diligence raisonnable.
Les opinions émises dans ce billet sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les vues de Finance et Investissement.