Avouez que votre curiosité est piquée et que vous risquez de lire jusqu’à la fin cette chronique alors qu’en ce matin de cinquième match de la finale de la coupe Stanley opposant les puissants Lightning de Tampa Bay aux surprenants Canadiens de Montréal, votre esprit essayait plutôt de deviner l’alignement partant de vos glorieux et de conjecturer sur le retour (ou non) de Killorn dans la formation floridienne.
Qu’à cela ne tienne, vous vous demandez où je m’en vais avec un titre provocateur en ce mercredi de juillet.
Pourtant, au risque de vous décevoir, il n’y avait rien d’osé dans le titre de cette chronique.
Si vous l’avez cru, c’est parce que vous l’avez voulu car mon intention était simplement d’aborder un éternel débat dans notre industrie : est-ce que la taille importe?
Alors que nos organisations et de nombreux conseillers carburent aux volumes qu’ils veulent sans cesse plus gros et plus grand, on me répète souvent que les joueurs de taille plus modestes sont condamnés à disparaître.
Que le temps fera son œuvre.
Que la nature impitoyable de notre domaine entraîne invariablement les gros à avaler les petits et les grands, à les écraser sous leurs bottes.
Je dois avouer qu’il y a là quelque chose de fâchant. À ce que je sache, l’industrie de la finance n’est pas partie à l’histoire de la création de quelque religion que ce soit. Il a donc forcément fallu que de petites organisations deviennent grandes à force de travail, d’audace, d’innovation et d’acharnement.
Avec le temps, il a aussi fallu que de grandes organisations se réinventent, évoluent, se transforment et, parfois, disparaissent pour assurer un sain renouvellement de l’écosystème.
Un peu à l’image d’une forêt en santé, diverses espèces, de maturités différentes se côtoient et offre un habitat et un équilibre intéressant.
Conséquemment, lorsqu’on me suggère qu’étant à la tête d’un courtier de taille modeste en région, je suis désavantagé et presque condamné et qu’il nous faudra, tôt ou tard, déposer les armes, cela me motive.
Je considère que mes faiblesses deviennent des forces.
Que la taille et la régionalité permettent la proximité, l’écoute, l’échange. Que la modestie de certaines ressources nous force à l’innovation et l’inventivité. Que la jeunesse de notre équipe permet l’audace et l’ambition.
Inversement, je n’ai aucun mal à reconnaître les avantages qui sont l’apanage de nos concurrents de plus grande taille et dont ceux-ci font usage pour se distinguer.
La taille permet de déployer des ressources conséquentes en matière de technologie et de support spécialisé. Elle permet la publicité et les incitatifs financiers au recrutement. Elle garantit une survie plus longue en cas de sécheresse prolongée.
Conséquemment, si chacun a ses forces et ses faiblesses, pourquoi parle-t-on constamment de taille? Pourquoi certains modèles d’entreprises sont-ils plus valorisés que d’autres?
Ce qui compte, pour vrai, n’est-ce pas la manière dont on se sert des outils à notre portée pour en tirer le maximum, en faire profiter le plus grand nombre?
Michel, mon mentor, m’a un jour dit que le soleil brillait pour tout le monde.
Ça peut sembler « tarte aux pommes » comme affirmation mais il s’agit, en fait, d’une perle de sagesse.
Alors cessez de croire à l’inévitable consolidation. Choisissez une organisation qui reflète vos valeurs et qui vous offre les outils dont vous avez réellement besoin pour connaître le succès et l’accomplissement.
Ne vous inquiétez pas pour la taille, il y en a pour tous les goûts.
Focalisez plutôt votre énergie à envoyer des ondes positives à nos glorieux, qu’on puisse tous se retrouver sur Sainte-Catherine par une improbable journée de juillet.
Go Habs Go!