Notre industrie est fortement mise à l’épreuve par les changements règlementaires depuis de nombreuses années. On le dit, l’écrit et on se répète tellement à ce sujet qu’on pourrait croire que c’est une vieille cassette usée.
Mais si, pour une fois, une modification règlementaire émanait de l’industrie? Des courtiers et des conseillers? Si une proposition venait régler certains problèmes que nous avons et qui est également une nuisance pour nos clients? Si on combattait le feu par le feu et qu’on cherchait à pousser plus loin une machine qui a fait un bout de chemin sans compléter ce qu’elle a commencé?
Soyons francs : MRCC2 a apporté de bonnes et de moins bonnes choses. Du côté des bonnes, notons plus de communication avec le client et le souci de la transparence accru d’une industrie qui en avait besoin. Certains pans de l’industrie plus que d’autres, me direz-vous, mais besoin quand même dans son ensemble.
Du côté des mauvaises, on peut compter un alourdissement du fardeau administratif et une certaine confusion (pour ne pas dire une confusion certaine) face aux informations transmises à nos clients.
Alors l’idée est simple : gardons ce qui est bon et changeons ce qui ne l’est pas. Plutôt que de prendre tellement de temps pour discuter et débattre d’enjeux qui ne sont pas si clairs que ça pour tous, concentrons nos efforts à améliorer ce qu’on a pour le rendre plus efficace, vivable et utile pour tous.
L’IFIC a publié hier un communiqué dans lequel elle affirme que l’industrie des fonds communs de placement est prête à tenir ce débat et a sollicité, en ce sens, le président des Autorités canadiennes en valeurs mobilières, Louis Morisset, pour ouvrir la discussion.
Le but de l’IFIC est que soit dévoilé l’ensemble des frais encourus par le client (le ratio de frais de gestion ou RFG) plutôt que le seul traitement reçu par le courtier. C’est clairement une bonne idée qui mérite qu’on s’y attarde.
Depuis la mise en place de MRCC2, nous remarquons une confusion évidente chez nos clients quant aux montants et frais divulgués sur les rapports. Sans compter que certains courtiers ont choisi d’utiliser la quasi-totalité du temps qui leur était alloué (jusqu’au 15 juillet prochain) pour faire rapport à leurs clients plutôt que de le faire au 31 décembre dernier comme la majorité.
Nos clients se demandent ce que ces frais englobent et sont surpris lorsqu’on leur apprend qu’ils n’incluent pas la part du gestionnaire. Cette confusion est entretenue par certains courtiers qui laissent croire à leurs clients que ce sont les seuls coûts qu’ils assument comme investisseurs. Ces courtiers passeront des nuits blanches à l’approche de MRCC3 et auront bien du plaisir à expliquer la supercherie à leurs clients…
Il est à l’avantage de tous de jouer la carte de la transparence et de la communication à fond. On ne peut pas être à demi transparent et s’en bomber le torse. Nos clients veulent ces informations et nous devrions être en mesure de leur présenter adéquatement pour clarifier la situation et leur permettre de prendre des décisions éclairées.
Ceci dit, il y a ce qu’on présente et la façon de le faire. Ici aussi un éventuel MRCC3 pourrait être bénéfique et corriger des lacunes importantes de MRCC2.
Exemple choisi : la méthodologie de calcul du taux de rendement.
Avez-vous tenté d’expliquer la méthodologie retenue par les ACVM à un client? Comment, alors que le commun des mortels est habitué à calculer son taux de rendement en fonction du temps, lui expliquer que les courtiers sont tenus à utiliser une méthode basée sur les flux de trésorerie? Peut-être en lui fournissant la formule mathématique suivante?
Bien humblement, je crois que c’est beaucoup demander à nos clients.
Et la confusion augmente lorsqu’on sait que les gestionnaires de fonds continuent, eux, d’utiliser une méthodologie basée sur la période de détention!
Ce n’est là qu’un exemple, mais nous savons qu’il y en aurait d’autres.
Bref, je crois qu’on aurait devant nous un chantier intéressant qui permettrait de corriger certains problèmes rencontrés et de mieux communiquer avec nos clients. Nous serions tous gagnants.
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Tous les mois, j’ai le privilège d’écrire cette chronique que je souhaite pertinente et agréable pour les lecteurs. Une fois par mois, c’est bien, mais parfois, l’actualité ou les échéances tombent entre deux chroniques et il n’est pas possible d’y faire écho de manière parfaitement synchronisée.
Alors, même si nous sommes un peu d’avance et même s’il me restait la chronique à paraître à la fin du mois de mai pour vous le rappeler, je tenais à vous rafraichir la mémoire : la date limite pour soumettre vos commentaires et analyses dans le cadre de la consultation sur l’abolition des commissions intégrées approche, c’est le 9 juin.
Un mois pour prendre part à une consultation qui pourrait redéfinir notre industrie en entier ce n’est pas trop. Ce n’est pas trop non plus pour articuler un discours intelligent et appuyé qui donne dans la solution plutôt que dans l’accusation.
J’espère que vous serez nombreux à faire comme nous et à défendre ce qui doit l’être, à améliorer ce qui peut l’être.