Si vous êtes de cette école, vous devez savoir qu’il faut vous méfier d’autres choses que de la moutarde sur le coin de votre bouche ou du mais entre vos dents. En fait, méfiez-vous de ce que vous dites et de comment vous le dites.
Le parallèle est facile à faire avec ma chronique du 5 décembre dernier où je traitais des excès du temps des fêtes. En fait, les risques sont semblables à la différence que vous vous retrouverez potentiellement en compagnie de gens que vous connaissez moins et qu’il fera, je vous le souhaite, chaud et ensoleillé.
Les indiscrétions
En savourant votre hot dog pendant la fête de quartier vous croisez Roger, un client de longue date et vous lui lancez : « Pis mon Roger, es-tu content de tes rendements? ». Cette phrase peut sembler sympathique ou banale, mais représente néanmoins un problème.
En effet, Roger est sans doute très satisfait de vos services mais pourrait l’être moins de votre discrétion à les rendre. Le Code de déontologie de la Chambre de la sécurité financière oblige tout conseiller à observer un devoir de discrétion et à protéger les renseignements personnels du client. Cela inclus le fait que Roger est votre client!
Une autre situation susceptible de se produire est que Roger pourrait vous interpeller et vous poser des questions sur son portefeuille. Vous avez envie de répondre à votre client, mais êtes-vous seuls? N’oubliez pas que c’est une fête de quartier et que tout quartier a sa commère qui entend et voit tout. Soyez habile et proposez plutôt à Roger de le revoir dans quelques jours à votre bureau.
Le « show de boucane »
Vous êtes un aimant naturel et, invariablement, un attroupement se forme autour de vous afin d’écouter vos histoires et vos opinions. Sous des dessous humbles, il faut avouer que c’est flatteur.
Qu’à cela ne tienne, ne vous laissez pas griser par cette attention! Évitez de vous donner en spectacle en déblatérant sur les marchés, les produits ou les stratégies. Quelqu’un pourrait vous prendre au mot et ensuite vous reprocher vos « conseils ».
Également, gardez en mémoire qu’il y a autant de profils de clients qu’il y a de gens autour de vous. Alors votre opinion sur le marché obligataire est bien belle, mais peut-être qu’un client allergique aux risques vous forcerait à un autre discours si vous le rencontriez seul à seul.
Finalement, gardez en tête ce que vous pouvez faire avec votre certification. Épargne collective? Évitez de parler de titres boursiers particuliers! Assurance de personne? Pourquoi parlez-vous d’assurance habitation?
Lui je vais l’avoir!
Au moment de quitter, vous décidez de vous gâter et de prendre un dernier épi de maïs. Alors que le cuisinier vous le donne avec le sourire, vous croisez Steve. Steve, c’est LE prospect que vous avez dans votre mire depuis très longtemps. Ça fait au moins 12 cocktails/5@7/BBQ/épluchettes que vous lui courrez après dans l’espoir qu’il devienne votre client.
Mais voilà, après de multiples tentatives, il ne vous a toujours pas rappelé.
Rendu à ce point-là, la persévérance n’est pas une option. Rappelez-vous plutôt l’article 8 du Code de déontologie de la CSF qui proscrit d’inciter de manière pressante ou répétée une personne à recourir à vos services. Contentez-vous plutôt de le saluer gentiment et, si vraiment vous ne pouvez vous empêcher de lui parler, de discuter de toute autre chose que de vos services.
Après quelques verres au soleil
Remémorez-vous les articles 6 et 7 du Code de déontologie de la CSF qui indiquent que la conduite du représentant doit être empreinte de dignité et que le représentant doit s’abstenir d’exercer son travail dans un état susceptible de compromettre la qualité de ses services. Évitez aussi de prendre le volant.
J’apprécie toujours recevoir et lire vos commentaires à l’adresse mgauthier@merici.com. Pour le reste, bon été et on se retrouve à la rentrée en septembre!
Photo Bloomberg