Parlons tout d’abord des visites d’entreprises en Italie et en Allemagne. Clairement, ces deux pays n’ont pas choisi la même voie, ou pour être plus précis, la même façon de combattre leur problème de coûts de production. En Italie comme en Allemagne, on a clairement opté pour la production de produits plus hauts de gamme, et ce, tant par l’innovation que par la différenciation.
Italiens et Allemands
Dans les deux cas, le « branding » est utilisé pour permettre un prix plus élevé. Par contre, les Allemands ont choisi l’automatisation alors que les Italiens ont choisi le côté plus artisanal de la production. La rémunération était beaucoup plus attrayante pour le travailleur allemand qui bénéficiait aussi d’un milieu de travail propre, sécuritaire et très vert.
En Italie, j’ai souvent eu la même impression que lors de mes visites industrielles dans les pays d’Asie. Les travailleurs y oeuvrent dans un environnement plutôt sale, des conditions très peu sécuritaires et une machinerie parfois désuète. On remarquait d’ailleurs la prépondérance des travailleurs étrangers qui peinaient dur pour un salaire de moins de 1000 euros par mois.
Par contre, je dois avouer mon admiration sans borne pour l’ingéniosité des entreprises italiennes qui réussissent à produire d’excellents produits et qui sont souvent les leaders mondiaux dans leurs domaines respectifs, et ce, dans des conditions parfois précaires. Unanimement, les Italiens ont déclarés que l’euro était un problème et qu’ils aimeraient retrouver leur lire. En effet, cette dernière leur permettrait de dévaluer leur devise domestique pour rester compétitifs.
Par contre, en Allemagne, pas un mot à ce sujet. Cela confirme, selon moi, que le niveau d’entrée du deutschemark dans l’euro était favorable aux entreprises allemandes qui avaient déjà rationnalisé leurs entreprises suite à l’absorption de l’Allemagne de l’Est. J’ai aussi beaucoup aimé l’approche d’une des entreprises allemandes que j’ai visitées. On y répétait que le prix n’était pas un problème, mais la solution. En effet, leurs prix étaient plus élevés, car justifiés par la qualité supérieure de leurs produits.
Avant de parler de la France, j’aimerais faire quelques remarques sur le climat touristique et l’apparence des lieux visités. Premièrement, l’Allemagne est digne de sa réputation de propreté et d’ordre. Tout est impeccable et écologique. On remarque des champs d’éoliennes en quantité. Par contre, l’électricité coûte environ 30 cents canadien par mégawatt, ce qui est énorme. Les gens ne sont pas convaincus du succès de la politique énergétique.
En Italie, tout était bondé, mais les restaurateurs m’ont dit que les recettes avaient beaucoup diminuées, car les gens dépensaient moins en raison des prix élevés. Effectivement, l’Europe est très chère pour les Nord-Américains. La bonne nouvelle, c’est que l’on peut souvent négocier les prix des chambres d’hôtels. On m’a aussi très souvent répété que la rémunération n’était plus adéquate pour permettre de bien vivre dans plusieurs villes d’Europe. En effet, les loyers, les impôts et le coût de la vie sont élevés et laissent peu de chance aux jeunes. Un serveur italien m’a dit que près de 50% des jeunes italiens n’avaient pas de boulot ou un boulot précaire.
En France
En France, trois choses m’ont frappé. Je parlais à un entrepreneur à succès qui me disait craindre de ne plus pouvoir se payer son appartement de 900 pieds carrés, car il était devenu trop cher. On parle ici d’une famille de deux professionnels avec un enfant. L’achat par les étrangers et les familles riches rendent non seulement l’accès à la propriété presque impossible, mais la location d’appartement difficile.
Deuxièmement, on se rend rapidement compte que la partie superbe de Paris est de plus en plus concentrée sur son centre touristique et que tout autour de celui-ci, beaucoup de choses se détériorent. Ce n’est pas très bon signe. Dernièrement, la grève des employés de train faisait rage et on percevait clairement le ras le bol majeurs de beaucoup de Français. Je crois sincèrement que la France est à la croisée des chemins et doit revoir son modèle.
La situation est étrangement similaire à ce qui se passe au Québec avec nos employés municipaux. À quand la bataille entre les employés d’états et les contribuables? Je crois que ça approche à grand pas et je n’ai pas besoin de vous dire que Francois Hollande n’a pas la cote!
Photo Bloomberg
Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.