À long terme, la croissance des économies est fonction de deux facteurs: la productivité et la participation de la main-d’oeuvre (le nombre de travailleurs actifs). Ces deux facteurs varient dans le temps selon des variables tangibles telles que la technologie et la démographie, mais aussi en fonction des différents courants idéologiques à la mode et des changements comportementaux, politiques, sociologiques, etc.
La quantité de valeur disponible à l’ensemble des investisseurs varie non seulement par la quantité absolue de cette valeur, mais aussi par le partage de celle-ci. Ce partage dépendra beaucoup plus de l’idéologie que de l’économie. La rémunération relative du travail versus celle du capital varie dans le temps, et ceci a des conséquences majeures sur l’espérance de rendements des investisseurs.
Durant la grande majorité de l’histoire, la grande partie de la richesse fut propriété d’un petit nombre de gens. Ils possédaient la terre et la puissance armée et ne laissaient donc que des miettes à l’ensemble de la population. Ce modèle était surtout basé sur le lien du sang (royautés et aristocratie). Ce modèle semble lié à l’arrivée de la sédentarité, donc de la possession physique de biens fixes, car cette structure n’était pas vraiment existant chez les peuplades nomades de chasseurs cueilleurs.
La montée en puissance d’une idéologie reconnaissant l’égalité, suite à la révolution française, a profondément modifié ce modèle et a permis à travers l’organisation collective de créer une société plus égalitaire et, dans bien des pays, une démocratie comme modèle de base. Pour la majorité du 20e siècle, la rémunération du travail a augmenté par rapport à celle du capital.
Deux épisodes font exception à cette tendance: les années 20 et la fin du 20e siècle. À chaque fois que la rémunération du capital ou du travail augmente trop, on assiste à une période d’incertitude ou les protagonistes des deux camps s’affrontent parfois figurativement, mais parfois de façon violente.
C’est ce qui explique la multiplication des manifestations, comme celles du printemps érable, des altermondialistes ou encore des employés municipaux. Fondamentalement, on assiste à des tentatives par des groupes d’intérêts qui veulent protéger leurs acquis ou améliorer leur situation, car ils ont l’impression de ne pas être invité à la fête ou encore d’en être expulsé.
On ne doit pas négliger l’importance de ces mouvements de fond, car la taille des rendements futurs en dépend. Par contre, il ne faut pas non plus exagérer, car tant que ces forces ne remettent pas en cause l’existence d’un système capitaliste, démocratique basé sur le respect des lois, les rendements seront à long terme très acceptables.
Et les conflits armés?
Parlons maintenant des conflits armés qui semblent se multiplier. Tout d’abord, je veux souligner que je considère, que c’est tragique que l’on n’ait pas, comme espèce, trouvé la façon de régler nos différends sans avoir recours à la force. Par contre, je me dois de conclure, à mon corps défendant, que la situation actuelle n’est en rien unique lorsqu’elle est analysée dans un contexte historique sauf pour deux points:
• Les conflits régionaux ont augmenté en raison de la chute de l’Union Soviétique. En effet, la présence de deux empires de force équivalente contribuait à conserver un équilibre;
• La nouvelle réalité de la communication instantanée et mondiale nous informe de tout ce qui se passe, et ce, comme jamais dans l’histoire.
Si l’on se concentre maintenant sur la trame de fond, on doit malheureusement arriver à la conclusion que les conflits armés sont la norme et non l’exception durant le dernier siècle qui est tout de même l’âge d’or du capitalisme au moins pour le monde industrialisé de l’occident. Nous avons eu des conflits presque sans arrêt et parfois ceux-ci ont pris des proportions mondiales et inimaginables dans leur atrocité. Malgré tout ça, les marchés ont continué, quoique parfois non sans interruption.
L’incertitude fait partie de la vie. Nous ne devons pas en avoir peur de façon démesurée, car l’histoire nous a démontré que tant que les conditions gagnantes du capitalisme sont en place (système légal, respect de la propriété), les marchés produiront des rendements. Seule la taille de ceux-ci variera mais soyez certains qu’il y aura encore des gagnants et des perdants. N’oublions pas que le signe chinois pour la crise est aussi celui pour l’opportunité!
Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.