J’ai tendance à croire que ce type de mouvement de marché fait partie de la normalité et non de l’anormalité et qu’on doit s’attendre à des périodes de ce genre, aussi peu plaisantes soient-elles. En effet, la variabilité annuelle des marchés boursiers (telle que définie par la variance) est deux fois plus élevée que la moyenne des rendements annuels. Les mouvements récents s’expliquent donc bien à l’intérieur des variations telles qu’attendues par les statistiques. Par contre, la science de la finance comportementale a démontré que l’investisseur accorde plus de deux fois de valeur à une variation négative qu’à un mouvement positif. Nous avons donc une aversion à la perte et non au risque. Les notions de risque et de volatilité sont symétriques, mais pas notre réaction face à elles.

Ceci explique en partie l’enflure perceptible dans la couverture des médias. On parle rapidement de dégringolade, de crise quand les marchés baissent mais lorsque ceux-ci montent dans la même proportion, c’est le retour à la normale. Il m’apparait clair que les nouvelles financières alimentent maintenant un cirque médiatique qui doit rendre le tout excitant pour rentabiliser le tout alors que, fondamentalement, les marchés financiers sont plutôt ennuyants.

On ne fait pas non plus référence au point de départ où se situaient les marchés avant leur chute. C’est comme si seuls les mouvements à la baisse étaient irrationnels et que les marchés ne pouvaient pas refléter une surévaluation avant de revenir à un niveau plus normal. Soyons un peu humbles pour quelques minutes et avouons que ne l’on ne connait pas le niveau qui représente la juste valeur, mais que nous n’avons que des estimés représentant ce que l’on croit que celle-ci est. La correction de prix peut donc être totalement justifiée.

Ayant maintenant accepté notre ignorance sur les mouvements boursiers à court terme, on doit se recentrer sur les stratégies à long terme pour nous guider dans la tourmente réelle ou temporaire. Je vous ai mentionné à plusieurs reprises que la chose la plus importante qu’un client puisse faire pour augmenter les probabilités de succès de son plan de gestion financière et de retraite est de procéder à une planification financière. Cette planification tiendra compte de ses revenus, de ses actifs, de ses passifs, et ce, autant présents que futurs.

Il lui deviendra possible d’exercer un jugement informé sur ses stratégies d’épargne et de placements. Cette planification sera le guide auquel il devra se référer lorsque les marchés créeront des périodes pleines d’incertitude et qu’il se sentira perdu.

Une carte géographique joue le même rôle lorsque le client ne sait plus où il en est. Elle le guide sur le chemin qu’il s’est tracé. Son rôle n’est pas de le renvoyer chez lui. Analogiquement, le plan financier sert à le ramener vers ses stratégies et non à lui dire de vendre et de racheter sans arrêt.

Il est très difficile de choisir les points d’entrées et de sortie dans les marchés. Statistiquement, les probabilités sont contre vous. En effet, une entrée suivie d’une sortie sont deux décisions conjointes. Un génie de la bourse aura raison dans 60% des cas mais la probabilité d’avoir raison pour les deux décisions est de 36% soit 60% X 60%. Pas génial.

Quoiqu’imparfait, le plan financier demeure le seul outil pour guider le client quand tout bouge autours de lui et lui permettra d’agir rationnellement et non seulement sous l’effet des émotions.
 

Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.