Y-a-t-il une valeur à ce flot continu de statistiques ou sommes-nous tout simplement victimes de notre capacité à les mesurer? Ces chiffres sont-ils uniquement là pour créer de la nouvelle afin de combler tu temps d’antenne sur les chaînes spécialisées?
Nicholas Nassim Taleb nous explique dans son livre « Fooled by Randomness » que plus l’horizon de temps est court, plus les probabilités que les mouvements de titres soient dominés par la chance, et non par nos habiletés, sont élevées. Donc, il nous dit clairement que réagir à court terme est comparable à jouer à des jeux de hasard.
Pourquoi alors réagir à chaque information à l’instant que celle-ci devient publique?
La théorie financière d’efficience de marché nous dit que seule une information nouvelle peut faire bouger les marchés, car l’ensemble des informations est déjà incorporée dans les prix des titres. Ceci dit, ce n’est pas toute nouvelle statistique qui contient de l’information inédite.
Pour illustrer ceci, on peut se référer à un exemple sportif. Avant un match de baseball, il y a un handicap déterminé par les parieurs et les maisons de jeux à Las Vegas. Imaginez maintenant que l’on puisse changer notre pari après chaque lancer durant le match, car, théoriquement, les probabilités sont affectées par la nouvelle information contenue dans le résultat de ce nouveau lancer.
Il y aurait alors différents comportements chez les parieurs probablement reliés à leur connaissance profonde du sport du baseball. Les plus grands connaisseurs seraient probablement moins enclins à transiger que les néophytes. Pourquoi? Car les experts savent bien que la très grandes majorité des lancers dans un match de baseball ne veulent à peu près rien dire sur le résultat final de la partie. En fait, chaque équipe effectue environ entre 120 et 130 lancers par match. De ces 120 lancers environ 10 à 15 lancers ont vraiment une signification et méritent qu’on fasse varier les probabilités du résultat final.
La théorie financière parle de cette asymétrie présente chez les investisseurs et de leur capacité d’évaluer l’information disponible différemment. On parle des « noise traders » par rapport aux « informed traders ». Les premiers sont des sources de profits pour les seconds. En effet, les transactions résultants du bruit ou étant générés par les « noise traders » peuvent créer des variations de prix non-justifiés et qui seront exploitées par les « informed traders ».
Que faire comme investisseur fasse à cette cacophonie d’information? Premièrement, il faut établir clairement les raisons justifiant nos choix d’investissement, ce que les anglophones appellent les « drivers ».
Ensuite, il faut se concentrer uniquement sur les nouvelles influençant ces facteurs et ignorer le reste. Si on est incapable de le faire au niveau des investissements individuels, je vous conseille fortement de vous concentrer sur l’achat de fonds négocies en Bourse indiciels. Pour ce qui est de la répartition de ceux-ci, fiez vous à vos contraintes et à vos objectifs de placement qui sont une partie importante de l’investissement dont je discuterai dans ma prochaine chronique.
N’oubliez pas ce que Warren buffet a déjà dit, et je paraphrase, lors d’un match de poker: si vous ne savez pas qui est le nigaud de la partie, c’est que ça risque bien d’être vous!
Photo Bloomberg
Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.