Comme nous l’avions anticipé, la croissance de l’économie américaine a été robuste en 2021. En effet, le Conference Board estime que l’économie américaine a cru de 5,6% en 2021, ce qui ferait la deuxième plus importante croissance annuelle de l’économie américaine depuis la récession de 1974-1975, et la suivante de 7,2%, survenue en 1984.

Cette croissance phénoménale est le résultat des stimulations monétaire et fiscale massives effectuée par les gouvernements au cours des deux dernières années, et dont nous avons largement parlé, et de la réouverture de l’économie à la suite de la vaccination massive de la population.

Dans un tel contexte, il apparaît normal que la Reserve Fédérale (Fed) lève le pied de l’accélérateur et commence à freiner cette croissance dans le but d’éviter la formation de bulles. D’ailleurs, plusieurs économistes sont d’avis qu’il est déjà trop tard.

La lecture du livre des minutes de la dernière rencontre tenue de la Fed, montre que la Fed prévoit arrêter le processus de « Tapering » très prochainement. Soit beaucoup plus rapidement que ce qui était annoncé initialement. Cela ouvrira la porte à la première augmentation des taux, qui surviendra possiblement au 2e trimestre de cette année. On pourrait même commencer le resserrement quantitatif (Quantitative Tightening), c’est à dire une réduction du Bilan, avant la fin de l’année.

En d’autres mots, la liquidité massive qui a été créé avec les stimulus sans précédent diminuera de façon importante dans les prochains trimestres. Il s’agit d’un changement important qui influencera négativement le marché boursier.

Du côté positif, la réouverture de l’économie a fait croître les profits des entreprises à un niveau record. En effet, on pense que les profits d’opération des compagnies du S&P500 vont presque atteindre 210$ en 2021. Il s’agit d’une croissance de 50% par rapport à l’année précédente et un record historique en comparaison du sommet de 163$ enregistré en 2019 (avant la pandémie).

À titre d’indication, la projection pour l’année 2022 évoque pour le moment des profits d’opération entre 223$ et 230$ pour l’année 2023.

Ainsi, le S&P500 se transige présentement 20,3 fois les profits anticipés de 20231. Malgré qu’il ne s’agisse pas d’une surévaluation exagérée, nous serions plus à l’aise avec un ratio de 18, ce qui amène notre prix cible d’une évaluation juste à 4,160 ou bien 11% en deçà de la valeur actuelle.

Même si le marché boursier ne se trouve pas de manière générale en risque de bulle, les évaluations demeurent encore élevées dans certains secteurs de la technologie. Plusieurs compagnies ont déjà retraité à plus de 40% de leur sommet. C’est le cas par exemple de Peleton, Zoom, Citrix, Roblox, Unity, Gamestop, AMC…, pour n’en nommer que quelques une qui ont figuré parmi les favorites du marché pendant lors du confinement.

En même temps, certains secteurs affichent des évaluations très alléchantes, notamment dans le secteur financier, des soins de santé et de l’énergie.

Il nous apparaît toutefois évident que des bulles sont toujours présentent dans le secteur des cryptomonnaies et de l’immobilier. Les changements apportés à la politique monétaire de la Fed, qui est passée d’une politique accommodante à une politique de resserrement, impactera l’évolution de ces bulles.

En plus des évaluations élevées, du changement de politique monétaire et des difficultés de mettre en place de nouveaux programmes de stimulation fiscale, plusieurs autres facteurs créeront de la volatilité dans les marchés devant nous:

· Possibilité que la réouverture complète de l’économie soit retardée par d’autres variants

· D’autres dispersions de la chaîne d’approvisionnement

· Situations géopolitiques (Ukraine, Kazakhstan, Corée du Nord, la mer de la Chine ou d’autres qui pourront voir la lumière)

· Les investisseurs néophytes ayant déjà absorbés des baisses avec Gamestop, AMC et d’autres compagnies MEME, de même que la baisse des cryptomonnaies, ce qui peut pousser le Smart Money à les vendre en découvert et commencer une nouvelle tendance d’éclatement de ces bulles

· Finalement, les caractéristiques de la démographie font en sorte que tous les baby-boomers passeront sous peu à l’étape de la retraite. Leur objectif d’investissement passera ainsi de la croissance vers la génération de revenus. Ils devront alors modifier l’allocation de leur portefeuille avec une moindre exposition dans les actions.

Malgré qu’on demeure positif sur la croissance économique et les actions, pour toutes ces raisons, on envisage de la volatilité. Nous croyons dans ce contexte qu’il est plus sage d’adopter des stratégies davantage conservatrices pour l’année à venir et que le stock picking deviendra plus important que jamais.

Une chose est certaine, le changement de politique monétaire modifiera l’approche d’investissement et ce qui a fonctionné depuis la reprise des marchés de mars 2020 ne fonctionnera pas nécessairement de la même façon.

Note 1 – S&P500 à 4 677.03 au 7 janvier 2022.

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