La réponse est négative, car la volatilité a deux bénéfices majeurs :
- Elle enlève les excès créés par des investisseurs recherchant la spéculation et qui finissent habituellement par développer des bulles. Au moment où les discours d’une période de baisse commencent à apparaitre, ces mêmes spéculateurs sont souvent prêts à utiliser la vente à découvert comme outil pour spéculer au sens inverse. Ceci amplifie évidemment la baisse du prix des actions;
- Elle crée également des opportunités pour des investisseurs ayant un horizon de placement à long terme, puisque ces périodes sont synonymes d’une liquidation des fonds négociés à la Bourse et de ventes automatisées. Dans les deux cas, il n’y a pas vraiment de distinction entre bonnes et mauvaises compagnies. Ainsi, ces périodes sont recherchées par des gestionnaires de portefeuille ayant du sang froid et qui peuvent dénicher de belles compagnies dont les évaluations sont moindres.
Est-il survenu un changement fondamental dans l’économie ayant provoqué la récente baisse?
La réponse est un non catégorique! Alors, que s’est-il passé?
Le nouveau chef de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a récemment émis des commentaires à l’effet qu’en cas de craintes de voir l’inflation devenir problématique, la Fed pourrait augmenter les taux d’intérêt au-delà de la normalisation de 3%. Cette affirmation a provoqué une hausse des taux d’intérêts obligataires, entraînant non seulement des rendements négatifs aux obligations gouvernementales, mais également une baisse dans les marchés des actions à travers le globe.
Les taux obligataires ont alors atteint des sommets qui ne s’étaient pas vus depuis plusieurs années!
En conséquence, la courbe des taux obligataires est maintenant moins aplatie qu’auparavant, ce qui contredit ceux qui prédisaient que la courbe serait inversée bientôt, c.-à-d. que les taux à court terme seraient plus élevés que les taux long terme. Il est généralement reconnu qu’une courbe obligataire inversée est un indice précurseur de récession. Ainsi, depuis la semaine dernière, les discussions vers cette direction ont cessé, car les taux d’intérêt obligataires à long terme se trouvent 1% plus haut que les taux obligataires à court terme. De plus, tel que mentionné auparavant, l’analyse des facteurs macro-économiques renforce notre confiance dans le fait qu’on ne verra pas de récession aux États-Unis pour les deux prochaines années, au minimum.
Malheureusement, tel qu’indiqué à plusieurs reprises auparavant, nous n’avons pas la même confiance quant à l’économie canadienne. À cet effet, la comparaison de l’indice précurseur « Leading Indicators » aux États-Unis est à la hausse de 6%1 versus une baisse de 1% pour l’indice canadien actuellement2… cela confirme ce que nous remarquions et craignions depuis un bon moment.
Au moment d’écrire ces lignes, l’indice de S&P500 se transige légèrement au nord de 16 fois les profits anticipés de 20193. Ceci est une évaluation très raisonnable quant à la situation économique actuelle et empêchera toute baisse prolongée dans les actions.
Sources :
1 Conference Board
2 OECD
3 Peter Tsakiris : Profits estimés de S&P500 pour 2019 : 170$ (mesure très conservatrice); Prix du S&P500 : 2768 en date de 19/10/2018; Ratio C/B : 16.3