Un nombre croissant de propriétaires de maisons se fait offrir une marge de crédit hypothécaire. Les avantages d’un tel produit pour le consommateur sont nombreux : une accessibilité à tout moment et sans avoir à se déplacer à des fonds à bas taux d’intérêt, ainsi que la possibilité d’un remboursement sans pénalité.
Ces fonds peuvent être utilisés à toutes les sauces, par exemple pour des rénovations, l’achat de biens, des investissements, la mise de fonds pour l’achat d’une autre propriété, ou comme fonds d’urgence. Le problème tient au fait que les consommateurs apprécient tellement cette flexibilité qu’ils utilisent massivement ce type d’emprunt au détriment de leur objectif de remboursement anticipé. Ainsi, le solde des marges de crédit hypothécaire ne cesse d’augmenter, ce qui n’est pas sans déplaire aux institutions financières. Un autre avantage pour les institutions financières au fait que les clients possèdent une marge de crédit hypothécaire est que ceux-ci seraient susceptibles de conserver leur prêt hypothécaire plus longtemps avec la même institution financière.
La popularité de ces marges a augmenté de façon importante au cours des deux dernières décennies. Selon le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) et de la SCHL, elles représentaient 35 milliards de dollars canadiens en 2000 et auraient atteint 202 milliards en 2017, soit presque 15% du solde de toutes les hypothèques au Canada. D’ailleurs, il y a presque 2.9 millions des marges de crédit hypothécaires ouvertes.
L’augmentation des taux depuis l’année dernière représente un déboursé additionnel de plus de 2.5 milliards par année de la part des consommateurs juste pour couvrir les intérêts. Le marché anticipe trois autres augmentations de taux d’intérêt avant que la Banque du Canada ne se mette au neutre. Ceci augmenterait les paiements d’intérêt de 4 milliards par année, retranchant 0.2% du PIB! Ceci, sans tenir compte de l’augmentation du coût d’intérêt sur les hypothèques à taux variable, ni du renouvellement d’hypothèques qui s’effectueraient à un taux supérieur, ni même de celui touchant les autres prêts à la consommation.
Les autorités financières et le gouvernement se disent de plus en plus concernés sur l’utilisation grandissant de ce véhicule d’emprunt, et ce, avec raison. D’ailleurs, les institutions financières considèrent maintenant dans le calcul du ratio d’endettement, le paiement « capital plus intérêt » du solde de la marge de crédit hypothécaire amorti sur 25 ans au taux affiché de 5.34%, plutôt que sur le paiement d’intérêt réellement payé. Il est alors évident que la capacité d’emprunt diminue avec cette nouvelle forme de calcul. Dans un futur rapproché, on pourrait même voir une politique formelle recommandant cette même forme de calcul, mais sur la limite de la marge hypothécaire plutôt que sur le solde.
La gestion du passif fait partie intégrante de la situation financière du client et en représente parfois même « la » plus grande part. Il est donc primordial de confier l’analyse de celle-ci à un professionnel objectif qui saura bien guider votre client et s’assurer que celui-ci en saisisse bien la valeur. Après tout, la gestion du passif n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs?