Afin de bien comprendre ce mouvement à la hausse, analysons en premier lieu le mouvement des taux obligataires lors du dernier cycle économique. Le taux des obligations canadiennes 5 ans a atteint son sommet en août 2018 à 2,48%. À la suite de signes de ralentissement économique, ce taux a baissé en terminant l’année 2018 à 1,88%. Le creux a été constaté en septembre 2019 à 1,15% et avec la reprise économique qui a suivi, il a terminé l’année 2019 à 1,68%.
Depuis le début de la pandémie, le taux a reculé pour atteindre le creux historique de 0,30% en août 2020, terminant l’année 2020 à 0,39%. Avec la réouverture de l’économie qui a suivi cette année, il n’est pas surprenant de voir le taux augmenter. Le sommet récent a été de 1,50% à la fin octobre. On constate alors une augmentation de 1,20% depuis le creux de la pandémie.
Cette augmentation est évidement due à la reprise économique propulsée par la vaccination massive dans les pays développés. Le marché obligataire a ainsi compris que la Banque du Canada (BdC) n’a plus besoin de maintenir une politique monétaire aussi accommodante. D’ailleurs, nous avons vu que la BdC a mis un terme ce mois-ci à son programme d’assouplissement quantitative (Quantitative easing en anglais). Cela survient avec une avance de 8 mois par rapport à ce que la Réserve Fédérale des États-Unis (Fed) anticipe de faire de son côté.
Évidemment, toutes les discussions continuent de tourner autour de l’inflation. La dispersion des points de vue sur l’inflation persiste toujours à savoir si elle sera transitoire ou non. Quoi qu’il en soit, il nous semble évident qu’elle sera plus persistante et dans le cas d’un scénario optimal, cela prendrait au moins une autre année afin qu’elle baisse du niveau actuel.
Les Banques centrales à travers le monde sont encore patientes, mais on constate un changement dans le message qu’elles véhiculent, à savoir qu’elles ont moins de conviction concernant son statut transitoire. S’il advenait une persistance de l’inflation à long terme, et qu’elle commence à s’incorporer aux salaires, les Banques centrales pourraient augmenter le taux directeur plus rapidement.
Il ne faut pas oublier que le mandat de la BdC est de maintenir une stabilité de l’inflation, tandis que le mandat de la Fed consiste à maximiser l’emploi soutenable et d’avoir une stabilité de l’inflation. La BdC devrait alors commencer à augmenter son taux directeur plus rapidement que la Fed. Pour le moment, le marché anticipe de 6 à 8 augmentations du taux directeur au Canada de 0,25%, jusqu’à la fin de 2023. En qui concerne la Fed, le marché anticipe de 5 à 6 augmentations.
Par contre, il paraît évident que les risques d’une erreur de la politique monétaire ont augmenté. Si la réouverture de l’économie est plus robuste et que le marché de l’emploi tombe en surchauffe en constatant une augmentation des salaires au-delà du rythme confortable de l’inflation, les Banques centrales pourraient sentir qu’elles ont accumulé du retard et adopter une stratégie plus agressive en matière d’augmentation du taux directeur. Ainsi, si les taux augmentent de 0,50% plutôt que de 0,25%, cela pourrait donner l’impression que les Banques centrales ont cédé à la panique, ce qui pourrait avoir un effet néfaste sur l’économie, au point de provoquer la prochaine récession.
Il faut quand même préciser que le scénario d’erreur de la politique monétaire n’est pas notre scénario de base, mais il faut rester à l’affut de cette possibilité. Il faut être prêt à voir des augmentations de taux, ce qui amènera le taux variable hypothécaire à augmenter significativement d’au moins 1,25 à 1,50% d’ici la fin de 2023.
Si l’économie retombe en récession par la suite, les taux rebaisseront évidemment, mais une discussion avec nos clients s’impose. Nous avons mentionné à plusieurs reprises que le taux variable n’est pas pour tout le monde et que son usage requiert une tolérance au risque élevé. C’est le moment idéal de reprendre cette discussion avant que les taux augmentent.
Une chose intéressante est que les taux à court terme sont en train d’augmenter, mais que les taux à long terme baissent. Cela fait en sorte que la courbe des taux s’aplatie. Ceci pourrait créer des fenêtres de temps intéressantes pour geler des taux pour une plus grande période.
Faites donc appel à un courtier hypothécaire afin de vous assurer que votre client bénéficie du meilleur programme disponible sur le marché.
La gestion du passif fait partie intégrante de la situation financière du client et en représente parfois même « la » plus grande part. Il est donc primordial de confier l’analyse de celle-ci à un professionnel objectif qui saura bien guider votre client et s’assurer que celui-ci en saisit bien la valeur. Après tout, la gestion du passif en soi n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs ?