Les fonds d’investissement à gestion passive connaissent une croissance soutenue de leur part de marché depuis de nombreuses années, d’après un rapport publié récemment par notre service de recherche.
Tout d’abord, qu’entendons-nous par fonds à gestion passive ? Bien qu’il n’en existe pas de définition parfaite, notre étude se concentre sur les fonds communs et fonds négociés en Bourse (FNB) classés par Morningstar dans la catégorie « fonds à gestion passive à long terme », qui inclut généralement les fonds à gestion indicielle et exclut les fonds sectoriels et ceux avec effet de levier.
Canada : une avancée lente, mais constante
La gestion passive progresse lentement mais sûrement au Canada. Sa part de marché s’est accrue de 0,8 % en 2022, passant de 14,7 % à 15,5 %, soit une septième année consécutive de gains. Cette croissance s’appuie sur des apports positifs chaque année depuis 2013. Par contraste, les fonds à gestion active ont subi des décaissements annuels à trois reprises lors des dix dernières années. Les fonds passifs canadiens ont engrangé 18,7 milliards de dollars[i] (G$) en 2022, comparativement à des décaissements de 14,1 G$ pour les fonds actifs. Un fait est inédit pour le Canada : la gestion passive a attiré plus d’argent frais que la gestion active depuis dix ans.
États-Unis : la suprématie des fonds à gestion active tire à sa fin
Aux États-Unis, la part de marché des fonds à gestion passive est passée de 42 % à 45 % en 2022, un véritable pas de géant. Les fonds passifs ont attiré 545 G$, comparativement à un décaissement de 913 G$ pour la gestion active. C’est presque un billion (mille milliards!) de dollars qui ont été retirés des fonds à gestion active par les investisseurs américains en 2022. Une véritable hécatombe! Sur dix ans, la gestion passive a presque doublé sa part de marché, qui était seulement de 23 % en 2013. Bref, à moins d’un retournement spectaculaire, la majorité des fonds distribués aux États-Unis seront bientôt des fonds à gestion passive.
Reste du monde : encore des gains pour la gestion passive
Pour ce qui est des marchés mondiaux hors Amérique du Nord, la part de marché de la gestion passive est passée de 27 % à 28 % en 2022. C’est donc dire que non seulement les États-Unis, mais aussi le reste du monde devancent le Canada quant à la part de marché des fonds passifs. Ces derniers ont attiré 183 G$ dans le reste du monde en 2022, tandis que les fonds actifs subissaient des décaissements totalisant 348 G$. Comme aux États-Unis, la gestion passive a doublé sa part de marché depuis dix ans. Elle attire également plus d’argent frais que la gestion active depuis 2013.
L’avenir du conseil financier
Dans l’ensemble, les fonds passifs sont de plus en plus acceptés par les investisseurs au Canada, aux États-Unis et dans le reste du monde. À l’échelle mondiale, 2022 a vu la gestion passive accroître sa part de marché de 35 % à 37 %, pendant que les fonds actifs subissaient des retraits massifs totalisant près de 1,3 billion de dollars.
Cette tendance s’appuie sur des faits bien documentés. Par exemple, une récente étude de Morningstar affirme que la majorité des fonds de placement à gestion active domiciliés aux États-Unis ont sous-performé leur équivalent passif dans 20 des 23 catégories sur 10 ans et dans toutes les catégories sur 15 et 20 ans.
Par ailleurs, nous estimons le ratio des frais de gestion (RFG) moyen pondéré des FNB actifs canadiens à 0,69 %, comparativement à 0,20 % pour les FNB passifs, ce qui donne une différence de 49 points de base. Pour les fonds communs actifs classés dans la catégorie « conseils à honoraires » (appelés aussi « fonds de classe F »), ils affichent un RFG de 0,88 %, contre 0,46 % pour leur équivalent passif.
Dans ce contexte, l’avenir des conseillers en services financiers se définit par leur capacité à offrir des services à valeur ajoutée, tels que la planification financière, fiscale et successorale, plutôt que par la sélection de fonds à gestion active.
[i] Les données pour le marché canadien sont libellées en dollars canadiens, tandis que celles pour les marchés américains et internationaux sont libellées en dollars américains.